top of page

TÉMOIGNAGE DE TARA MICHAEL

Témoignage : Dilip Kumar Roy et Mâtâji Indira Devî
par Tara Michaël

Dilip Kumar Roy et Mataji Indira Devi.png

Mâtâji Indira Devi et Dilip Kumar Roy

PLAN

Le Harikrishna Mandir de Pune

Les premières expériences de Mâtâji Indira Devî

La rencontre avec Dilip Kumar Roy

Le premier séjour à l’ashram de Shrî Aurobindo

Le retour à la vie de famille

Le renoncement

La sâdhana de Mâtaji Indira Devî

L’intervention de Mîrâ Bâî

​La guidance de Mâ Indira Devî

ara Michaël et Yogi Matsyendranâth Mahârâj 

Mme Tara Michaël et Yogi Matsyendranâth Mahârâj 

© BG 2022

krishna.png

​

Présentation

 

         Mme Tara Michaël est une sanscritiste et indianiste française qui a séjourné près d’une vingtaine d’années en Inde tout en menant sa carrière au CNRS. Nous devons indiquer ici que, bien qu’ouvertes à différentes influences, elle a été orientée vers l’Hindouisme par la lecture de René Guénon et, chose rare dans le domaine académique, elle s’est régulièrement référée à lui dans ses ouvrages.

          Ses principaux domaines d’études sont le hatha-yoga et le kundalinî-yoga, le Shivaïsme de l’Inde du Sud, les voies Shakta et le symbolisme védique. Ses travaux et ses traductions en la matière font désormais autorité. Ceux qui s’intéressent à l’Orient se souviennent de son remarquable Corps subtil et corps causal (Paris, 1979). Parmi ses nombreux livres, citons sa traduction d’une partie du Shiva-purâna, ainsi que son ouvrage magistral sur La symbolique des gestes de mains dans les danses sacrées de l’Inde. Signalons enfin qu’elle s’est engagée dans la pratique de la danse sacrée Odissi sous la direction de plusieurs grands maîtres traditionnels, et a été également reconnue dans ce domaine en Inde même. 

         Au cours de son premier séjour en Inde, elle fit la rencontre décisive de Mâtâji Indira Devî, qui était rattachée à Shrî Aurobindo via son guru Dilip Kumar Roy, grand musicien bengali et disciple d’Aurobindo. Après le décès de celui-ci, Dilip Kumar Roy et Mâtâji Indira Devî avaient quitté l’ashram de Pondichéry en refusant l’autorité de la « Mère », emportant avec eux le témoignage tenu secret du désaveu de Mirra Alfassa par Shrî Aurobindo sur son lit de mort, et devenant de fait les véritables « gardiens » de son influence spirituelle. Ils fondèrent alors un ashram à Pune. À la fin des années 1960, Mâtâji Indira Devî, qui pratiquait essentiellement la bhakti krishnaïte, donna à Mme Brigitte Michaël son initiation et son nom initiatique de Tara. Si ce nom signifie d’abord « l’étoile », il se rapporte également en sanscrit à la notion de « pont » ou de « passage ». Mâtâji Indira Devî traça ainsi à Tara Michaël le chemin qui devait dès lors être le sien, consistant à établir un « pont » entre l’Hindouisme et l’Occident ; on peut donc considérer que son influence spirituelle, et également à travers elle celle de Shrî Aurobindo, ont présidé à cette entreprise.     

        Si celle-ci se concrétisa à travers de nombreux travaux et traductions, elle est parachevée aujourd’hui par ses efforts pour rendre à la pratique du Yoga en France, où il est considérablement dévoyé comme partout en Occident, sa dimension spirituelle dans une perspective traditionnelle, dimension spirituelle qui est sa seule véritable vocation. Pour ce faire, au point de vue doctrinal, elle a publié plusieurs livres comme son Introduction aux voies de Yoga, et celui sur les Mythes et symboles du Yoga, mais aussi la traduction en français de textes fondamentaux tels que le traité Hatha-yoga-pradîpikâ, ou encore la Centurie de Goraksha. Son travail n’aurait pas été complet si elle ne s’était pas également attachée à la question de la méthode. Ce qu’elle fit en introduisant en France l’enseignement initiatique des Nâtha-yogin sous la guidance d’un authentique guru de cet Ordre.      

           Tara Michaël a bien voulu nous confier son témoignage inédit sur sa rencontre avec Mâtâji Indira Devî, et nous l’en remercions vivement. Nous avons introduit dans ce texte quelques notes de la rédaction destinées à replacer certaines remarques dans leur contexte doctrinal ou historique ; ces notes n’engagent aucunement Tara Michaël.

Benoît Gorlich

     

​

               C’est en 1968 que je vins à Pune dans le Maharashtra, ayant bénéficié d’une bourse du Gouvernement Indien pour poursuivre mes études de sanscrit en Inde, et que je m’installai dans le bungalow qui m’avait été alloué dans le Deccan College. Je travaillais avec un professeur de l’Université de Poona, qui me fis d’abord étudier la Taittirîya-upanishad avant d’aborder les textes de yoga que j’ambitionnai de traduire. C’était ma première découverte de l’Inde, de ses paysages, de son peuple, de ses chants. Celui à qui j’étais mariée à cette époque, le compositeur de musique symphonique Édouard Michaël, était venu me rejoindre une fois que toutes les conditions matérielles eurent été préparées.

 

Le Harikrishna Mandir de Pune

 

         Un jour, nous nous promenions dans la campagne aux alentours de Pune, lorsque je vis la porte d’entrée d’une propriété avec un écriteau portant la mention : Harikrishna Mandir. Je me souvins immédiatement que c’était là le nom et l’adresse d’un petit ashram qui m’avait été recommandé, lorsque je collectais des adresses en vue de ma prochaine venue, par un ami qui avait séjourné à Pune. C’est là que résidaient le célèbre chanteur bengali Dilip Kumar Roy, disciple de Shrî Aurobindo et en même temps sâdhu et guru, ainsi que sa disciple Mâtâji Indira Devi.         

         Nous nous rendîmes au prochain bhajan qui devait avoir lieu dans le temple de cet ashram. Un bhajan est une sorte d’office religieux, consistant en chants dévotionnels, pour lesquels les fidèles se réunissent. Il y avait là une très belle mûrti (statue) de Râdhâ et Krishna, dans le style de Bénarès, revêtue de soieries, d’atours et d’ornements splendides. Les fidèles étaient assis en tailleur sur le sol, les deux guru sur une plate-forme surélevée. Nous nous joignîmes au groupe des fidèles. 

        Dilip Kumar Roy commença par une sorte de « religious discourse », un genre qui a ses lettres de noblesse en Inde, et qui chez lui tenait plus de la causerie affable que du sermon, émaillé de plaisanteries, de traits d’humour et d’anecdotes ; un enseignement spirituel, certes, mais jovial et décontracté. C’était un grand et majestueux vieillard à la longue barbe blanche. A son côté, recueillie mais parfois souriante, Mâtâji Indira Devi était une femme d’âge mûr d’une grande beauté, drapée dans un sari d’un jaune éclatant.

          Puis Dilip Kumar Roy saisit son harmonium et se mit à chanter. Sa voix était un peu affaiblie et avait perdu de sa sonorité par rapport à sa grande période antérieure, mais elle n’avait rien perdu de sa dextérité, car il s’appliquait à rendre toutes les fioritures de sa mélodie. Pendant qu’il chantait, Mâ entrait dans un état d’absorption profonde. L’ârati, offrande de lumières... 

 

Tara Michaël,

le 8 novembre 2021

​

​

La suite de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 28 des Cahiers de l'Unité

le harikrishnamandir
Corps Subtil et Corps Causal Tara Michaël
Citation

Pour citer cet article :

Tara Michaël, « Un témoignage : Dilip Kumar Roy et Mâtâji Indira Devî », Cahiers de l’Unité, n° 28, octobre-novembre-décembre, 2022 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2022  

bottom of page