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Remarques sur la doctrine universelle
des cycles cosmiques

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La Sagesse indiquant le passage
du temps à ses disciples

Henri Suso, L’orloge de sapience, 1330. L’ouvrage est divisé en vingt-quatre chapitres comme le jour est divisé en 24 heures.

PLAN

Une doctrine universelle

Les trois religions finales

La doctrine des cycles occultée par l’eschatologie

La spirale du Temps

Au cœur de l’histoire profonde

La fin des Christiana tempora

Mise au point

Un raisonnement par compression réductrice

La doctrine hindoue des cycles (Yuga-dharma-vyavasthâ)

Manvantara et Mahâyuga

Non nova sed nove

Une doctrine universelle

       

         Dans l’article sur la doctrine purânique des cycles publié ici, M. Nuccio D’Anna écrit qu’avant René Guénon, et plus spécialement avant son texte sur la doctrine des cycles cosmiques paru en 1937 en anglais et en 1938 en français, « peu d’orientalistes avaient rappelé l’importance de la doctrine des cycles pour comprendre l’ensemble de la cosmologie hindoue. » C’est parfaitement vrai, mais afin d’éviter un éventuel malentendu, nous voudrions ajouter, en le soulignant, que la doctrine des cycles ne permet pas de comprendre seulement la cosmologie hindoue. Ce n’est pas une doctrine parmi d’autres qui relèverait d’une conception du temps et de l’histoire qui serait propre aux Hindous, ni à celle des peuples chez lesquels elle présenterait des analogies dans des civilisations particulières, issue de leurs croyances, de leur perception du monde, ou de leur idiosyncrasie en quelque sorte, et dont la validité le disputerait à d’autres conceptions, elles aussi particulières (1).

          En effet, ce n’est pas le cas : la doctrine des cycles est une doctrine cosmologique universelle, et elle est la seule à l’être à ce sujet. Ce qui signifie qu’elle n’est pas relative, elle est l’expression d’une vérité irréfutable et absolue qui s’applique à l’humanité en totalité. Il n’y en a pas d’autres à ce propos qui ait ce statut, à moins de lui être similaire. Le passage du temps de manière cyclique est observable par tous et partout. Parce que le tout se manifeste dans la partie, il s’exprime dans les cycles du jour et de la nuit, dans le cycle lunaire, puis dans celui des saisons, ainsi que dans d’innombrables processus naturels. La cyclicité relève de l’essence du temps. Le temps est la mesure du mouvement circulaire et il est lui-même mesuré par lui.

                  Même si peu le savent ou le comprennent, c’est pourtant une évidence de dire que les époques du temps sont différenciées qualitativement par les événements qui s’y déroulent, de même que les portions de l’espace le sont par les corps qu’elles contiennent, et qu’on ne peut en aucune façon regarder comme réellement équivalentes des durées...

Julien Arland

NOTES

 

1. C’est ce qu’induisent souvent les travaux des comparatistes, comme ceux de Mircea Eliade par exemple, ainsi que les ouvrages thématiques de l’histoire des religions. Les Eranos-Jahrbücher sont sans doute emblématiques sous ce rapport. Henry Corbin avait tort de dire que les « ésotéristes des trois rameaux abrahamiques ne se sont jamais retrouvés ensemble pour méditer sur leur parenté », et il est curieux que le promoteur du « monde imaginal » pensât qu’« ils n’ont jamais eu de foyer commun quel que fût leur petit nombre ». (Philosophie iranienne islamique au XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1981)

2. ...

 

L’intégralité de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 39 des Cahiers de lUnité

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