top of page

ÉDITORIAL

ÉDITORIAL René Guénon

Kali 2.jpg

           Après une année où la parution régulière des Cahiers a été perturbée pour les motifs donnés dans le numéro précédent, et comme quelques-uns s’en sont amicalement inquiétés, nous pensons utile de rassurer nos fidèles abonnés et tous les lecteurs qui nous soutiennent en signalant que nous reprendrons maintenant le cour normal de notre publication pour l’année 2024.             
          Si quelques malveillants demandent encore à quoi servent finalement les revues traditionnelles et à qui elles peuvent bien être destinées, disant ainsi qu’elles ne servent à rien ni à personne, nous répondrons à ces serviteurs inconscients du « grand dragon rouge » qu’ils pourraient alors se demander aussi à quoi il sert de penser et de recevoir un enseignement... Il y avait de bonnes raisons pour fonder une revue d’études traditionnelles comme les Cahiers de l’Unité, ne fut-ce que pour répondre à un vœu de René Guénon à ce propos. Nous les renvoyons d’ailleurs à l’éditorial du premier numéro. 
        Si en raison de l’architecture particulière de son œuvre, Ibn ‘Arabî s’explique par Ibn ‘Arabî, ce n’est pas le cas de l’œuvre de Guénon, nous ne pensons pas non plus qu’elle se défende elle-même et toute seule. Si c’était le cas, son auteur n’aurait pas sans cesse rectifié les erreurs d’interprétations qui en étaient faites de son vivant. Celles-ci ne se sont évidemment pas éteintes avec sa propre disparition, elles ont continué de proliférer à mesure que la diffusion et la lecture de ses écrits s’étendaient.
        Bien entendu, nous ne prétendons certainement pas nous subsituer à lui, mais lorsque l’on pense avoir compris un point, il paraît la moindre des choses de s’astreindre à tenter de l’expliquer à ceux qui l’ont manifestement mal entendu. Aussi modeste soit-elle, c’est une manière d’exprimer notre reconnaissance envers René Guénon, et à vrai dire, un devoir pour ceux qui lui doivent tant intellectuellement et spirituellement. C’est également une façon de lui rendre hommage et de porter témoignage.
         S’il n’y avait eu qu’une seule raison pour qu’existe notre revue, on pourrait sans doute dire que se serait celle d’avoir la possibilité de publier le texte de M. Gorlich sur la clé eschatologique du Mahâbharata. On y découvrira des indications sur les « Temps de la Fin » qui, croyons-nous, n’avaient jamais été rendues publiques jusqu’ici. Elles répondent à certaines interrogations que les lecteurs de Guénon pouvaient se poser depuis longtemps. La richesse et les analogies inter-traditionnelles qui y sont présentées ne peuvent être résumées, mais certains exemples permettront aux plus attentifs de comprendre ce que signifie le fait que la tradition hindoue est la continuation à l’extérieur de la Tradition primordiale, et comment elle participe à sa perpétuité à un plus haut degré que toutes les autres traditions. Nous avons pensé qu’une iconographie plus abondante que d’habitude pourrait participer à mettre en évidence l’importance du travail de M. Gorlich.  
         Pour ceux qui imaginent que nos auteurs rattachés aux traditions orientales ne seraient que des « écrivains en robe de chambre », c’est-à-dire aux connaissances purement livresques, cette iconographie leur permettra également sans doute de réviser leur opinion. Il va de soi que nos collaborateurs n’ont pas à présenter publiquement leurs titres traditionnels, parfois prestigieux. Leurs textes se suffisent à eux-mêmes, et on ne peut que leur être reconnaissant de bien vouloir partager leur connaissance directe des réalités traditionnelles.
        Le manque de place ne nous permet aujourd’hui que de publier ensuite un texte de M. Houberdon. Il n’est pas moins important. Dans le cadre de ses études sur les symboles fondamentaux de la Science sacrée coranique, il propose un article illustrant la notion de Barzakh par la science des lettres, en rassemblant une Halte de l’Émir ‘Abd al-Qâdir et plusieurs extraits de chapitres des Futûhat. Cette science des lettres revêt chez Ibn ‘Arabî une importance capitale. Elle est immense et inépuisable, au point que certains, comme Hallâj notamment, l’ont même considérée comme la « voie de connaissance par excellence », qui synthétise tous les ordres de connaissance métaphysique, cosmologique, astrologique, initiatique et cyclique, aussi bien sur le plan de la doctrine que de la méthode. 
      C’est également le manque de place qui nous conduit à reporter à la prochaine livraison la suite de la correspondance inédite de René Guénon avec René Humery.

Julien Arland

Directeur littéraire

bottom of page