Cahiers de l’Unité 

           Dans le cadre de nos études sur les symboles fondamentaux de la Science sacrée coranique, nous proposons un dernier article illustrant la notion de Barzakh par la science des lettres dans la tradition islamique, en rassemblant une Halte de l’Émir et plusieurs extraits de chapitres des Futûhat sur le symbolisme du lâm-alif. Dans ce contexte, il ne s’agira que de quelques aperçus sur ce signe scripturaire ambivalent, qui, par sa forme ambiguë et sa situation hiérarchique spéciale dans l’alphabet arabe, assume une fonction très particulière au sein de la science des lettres.

           Cette science immense et inépuisable, que certains ont même considérée comme la « voie de connaissance par excellence » (2), synthétise tous les ordres de connaissance métaphysique, cosmologique, astrologique, initiatique et cyclique, aussi bien sur le plan de la doctrine que de la méthode. Elle revêt chez Ibn ‘Arabî une importance capitale, comme le prouve la place qu’il lui accorde dès le début des Futûhât, en posant d’emblée ses principes dont les applications se retrouvent tout au long de la Somme akbarienne, y compris dans de nombreux traités qui lui sont spécialement consacrés (3). Cette doctrine, dont les clés sont dans le Coran, est rattachée à l’expression directe du Verbe divin manifesté par le Souffle du Tout-Miséricordieux, ordonnateur de tous les degrés de l’Existence, de tous les états de l’être, ainsi que de tous les livres sacrés.

        Pour le Cheikh al-Akbar, les lettres ne sont pas de simples éléments conventionnels du langage, mais des expressions primordiales du Verbe divin, que Dieu propose à Ses serviteurs comme des signes symboliques pour accéder à la connaissance de Ses Mystères, en mettant à leur disposition des supports de ...   

              

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Jean-François Houberdon

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1. Coran, 75-29.

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2. Il s’agit d’al-Hallâj.

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3. Parmi les diverses études sur cette science dans sa modalité akbarienne en langue française, nous privilégions la présentation pertinente qui en a été proposée par D. Gril, essentiellement à partir des ch. 2 et 198 des Futûhât, et où sont en outre proposés quelques extraits de textes significatifs (Les Illuminations de La Mecque, ch. VIII, Paris, 1988). Ce travail a aussi l’avantage de récapituler les références principales sur ce thème, ce qui nous dispensera de le faire dans le cadre volontairement restreint de cet article. Mentionnons toutefois d’autres remarquables études complémentaires, comme celles de M. ‘Abdel-Baqî Meftâh, Al-Mafâtîh al-wujûdiyyat wa-l-qur’âniyyat fî Kitâb Fuçûç al-Hikam (Marrakech, 1977, et Beyrouth, 2005), livre traduit par A. Tournepiche, Les clés ontologiques et coraniques des Fuçuç (Éd. Arma Artis, 2011), et « La science des lettres chez Ibn ‘Arabî et René Guénon » (V.L.T. n° 121), ainsi que la thèse de C. Crescenti,‘Ilm al-hurûf, Métaphysique de la langue et des lettres selon la doctrine d’Ibn ‘Arabî  (EUE, 2011).

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4. ...

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