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Kalki, dixième avatâra de Vishnu 

Kalki et son cheval ailé blanc (manuscrit penjabi)

Kalki et son cheval ailé blanc (manuscrit penjabi).png

PLAN

I – Naissance et jeunesse de Kalki

II – La bataille contre les Bouddhistes

III – Le combat contre la géante Kuthodarî

IV – La réapparition des Sages

V – Le retour du Krita-Yuga et la défaite de Kali

VI – La lutte contre le Yogî Shashidvaja 

VII – L’Âge d’Or

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Vishnu début XVIIIe s., Pendjab.

Les dieux venus se plaindre à Brahmâ.jpg

Les dieux venus se plaindre à Brahmâ

 XVIIIe s. Inde du Sud, BnF.

          KALKI, dixième et dernier avatâra de Vishnu dans le présent Manvantara, est mentionné dans une série de textes traditionnels hindous appartenant à la classe d’écrits désignée sous le nom de Smriti, et particulièrement dans le Bhavishya-Purâna. Kalki est le prêtre-guerrier qui doit, à la fin du Kali-Yuga, anéantir les méchants, manifester à nouveau la Tradition dans son intégralité et ouvrir un nouvel Âge d’Or. Son rôle est donc comparable à celui du Poisson (Matsya), premier avatâra de Vishnu ; c’est celui même que saint Jean, dans l’Apocalypse, assigne au Christ lors de son Second Avènement. 

           Nous ne revenons pas sur la question des avatâras de Vishnu, qui est généralement assez connue, au moins dans ses grandes lignes, et qui a fait d’ailleurs l’objet d’un exposé de M. Clavelle dans le numéro de novembre 1929 (pp. 722 et suivantes) du Voile d’Isis ; et nous ne reviendrons pas davantage sur celle de la fin du Kali-Yuga, au sujet de laquelle il suffira de renvoyer le lecteur à la chronique d’Argos de décembre 1929 et aux articles de MM. Guénon et Clavelle de janvier 1931.           

           La vie et l’activité du « Messie futur » est décrite dans le Kalki-Purâna, texte qui n’a pas été traduit, mais dont le professeur Emil Abegg, de Zurich, a donné une analyse détaillée dans un ouvrage très documenté, Der Messiasglaube in Indien und Iran, publié en 1928 (1). C’est à cet ouvrage que nous empruntons la plupart des renseignements qui vont suivre. 

        Le Kalki-Purâna n’est pas un des dix-huit grands Purânas, mais seulement un Purâna secondaire (Upapurâna) ; peut-être identique au Bhavishya-Upapurâna, peut-être au Bhâgavata-Upapurâna. Il se présente lui-même comme un supplément au Bhâgavata-Purâna. Quoi qu’il en soit de ces divers points, il importe de faire observer que, les Purânas n’étant point inspirés [1bis], les indications sur la vie future de Kalki qui sont données dans ces textes et en particulier dans le Kalki-Purâna ne peuvent être considérées à proprement parler comme des « prophéties ». Le caractère symbolique de certains récits est d’ailleurs tout à fait apparent. 

        Le nom même de Kalki ou Kalkî (les deux formes se rencontrent) est assez curieux, car kalka en sanskrit signifie « ordure », « souillure ». Dans le nom de Kalki, Abegg voit simplement une dénomination par antithèse, alors que, d’après le Kalki-Purâna, Kalki signifierait « celui qui fait disparaître la souillure du monde », et Kalki est parfois qualifié de kalkavinâshana ou « destructeur de la souillure ».

 

I – Naissance et jeunesse de Kalki

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          Vers la fin du Kali-Yuga, les dieux, privés de sacrifices, se plaignent à Brahmâ du désordre croissant dans lequel le monde se trouve plongé, par suite de l’action de Kali, fils de Krodha (la colère) et de Himsâ (l’action nuisible). Brahmâ se rend avec eux auprès de Vishnu, qui leur annonce sa prochaine descente sur terre et la destruction de Kali. À peine les dieux sont-ils rentrés dans leurs cieux respectifs que Vishnu se dispose à remplir sa promesse. Il descend dans le sein de la femme Sumati, par l’intermédiaire de son mari le brâhmane Vishnuyashas (« gloire de Vishnu ») (2). Le douzième jour de la moitié claire du mois Mâdhava (3), il naît sous sa figure de divinité à quatre bras, figure qu’il abandonne presque aussitôt, à la demande de Brahmâ, pour prendre une forme purement humaine. 

        Kalki naît dans le village qu’habitent ses parents, c’est-à-dire à Shambhala (ou Shambhalagrâma) (4). On sait que les Thibétains, de leur côté, attendent aussi un...

 

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André Préau

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* Publié dans Le Voile d’Isis, n° 429, 1931.

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1. Outre l’étude sur Kalki, cet ouvrage en contient une autre sur le « Bouddha futur » Maîtreya et une troisième sur Saoshyant et les autres « Messies » du Mazdéisme. On doit aussi au Professeur Abegg un travail sur le doctrine hindoue des prêtas, Der Pretakalpa des Garuda-Purâna, paru en 1921. [Une traduction française du Kalki-purâna a été proposée en français par les éditions Archè en 1991, mais il en existe depuis plusieurs traductions en langue anglaise. Le Kalki purâna est composé de passages tirés directement du Vishnu purâna et du Bhâgavata purâna attribués à Vyâsa. Il est également l’auteur du Mahâbhârata, des dix-huit Purânas et des Brahma Sûtras. Vyâsa est un des immortels (chiranjîvi). Il est né à la fin du Dvâpara yuga.]

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[1bis. Si leur autorité est moins fondamentale que la Shruti, relevant de l’intuition intellectuelle pure et immédiate, les Purânas sont néanmoins des livres inspirés, au sens technique du terme, mais à un moindre degré. Ce qui ne signifie pas qu’ils contiennent des erreurs, mais que leur formulation est moins directe.]

 

3. D’après la plupart des textes (Vishnu-Purâna, Agni-Purâna, Bavishya-Purâna et l’édition de Kumbakonam du Mahâbhârata), Vishnuyashas est le nom du père de Kalki. D’après le Mahâbhârata, le Vâyu-Purâna et le Harivamsha, c’est un des noms de Kalki lui-même.

 

4. Le Mahâbhârata et le Vishnu-Purâna orthographient Shambalagrâma.

 

5. Cf. Alexandra ... 

 

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L’intégralité de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 33 des Cahiers de lUnité

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