Cahiers de l’Unité 

Introduction          

 

       Le symbolisme de la « Cité divine » est illustré dans ce nouvel article par la traduction d’un autre extrait de la partie finale de la Halte 248 de l’Émir‘Abd al-Qadîr (1). À la suite de son dernier chapitre sur la création de l’homme, l’auteur clôt son exposé par divers aperçus sur la doctrine de l’Esprit universel qu’il présente en trois compléments successifs. 

      Le premier de ces compléments envisage l’Esprit en tant que principe transcendant et permanent des états multiples de l’être, qui se particularise en mode distinctif dans sa fonction d’“ordonnateur interne” de ses multiples facultés, modalités et degrés existentiels. Le second, qui fait l’objet de la présente étude, prend surtout en compte sa présence au centre de l’être, selon le symbolisme de la « Cité divine ». Le dernier, dont nous avons donné la traduction dans le numéro précédent des Cahiers de l’Unité, décrit son transfert dans les états posthumes.          

           Ce texte des Haltes propose une interprétation symbolique de la constitution de l’être humain basée sur le ternaire microcosmique de l’esprit, l’intellect, et l’âme individuels, en correspondance avec le ternaire macrocosmique de l’Esprit, l’Intellect et l’Âme universels. Dans cette métaphore de la Cité divine, ces trois entités de la Réalité totale de l’homme sont symbolisées par les représentants et acteurs principaux de la cité humaine que sont le calife, le vizir-ministre et le serviteur, qui se partagent son gouvernement selon leurs fonctions respectives. 

        Cet enseignement de l’Émir est directement inspiré de celui du Cheikh al-Akbar, essentiellement de ses Tadbirât al-ilâhiyyah, mais aussi d’autres passages de son œuvre, comme la partie finale du chapitre 5 des Futuhât (2). Ce traité des Tadbirât a été récemment traduit par Wâjid Hassini (3), dans un livre dont la qualité et l’intérêt ont été soulignés à juste titre dans un compte rendu récent des Cahiers (4). Il est précédé d’une présentation où l’auteur précise, conformément aux indications du Maître, que cet ouvrage est une interprétation initiatique du Secret des secrets d’Aristote. Il y souligne également la correspondance de ces données ésotériques relatives à la gouvernance de la Cité divine de l’être avec celles d’autres doctrines orientales, comme celle du Taoïsme et de l’Advaita hindou, mais aussi avec La République de Platon, dont se seraient inspirés à leur tour des philosophes musulmans comme Farâbî. Mais pour nous – et c’est là la seule réserve que nous pourrions formuler au sujet de ce livre – une indication majeure manque dans cette présentation : c’est celle donnée par Michel Vâlsan, lorsqu’il signale que cet « important ouvrage », « dont le sujet est en réalité une sorte d’équivalent doctrinal islamique de L’Homme et son devenir selon le Vêdânta », était « propre à montrer la parfaite concordance des doctrines islamique et hindoue sur la constitution de l’être humain et sa signification spirituelle » (5). 

        L’enseignement spirituel contenu dans ces écrits akbariens est effectivement en affinité directe avec celui transmis par René Guénon à partir des données du Vêdânta, où le « centre ...

​

​

Jean-François Houberdon

​

 

1. Cf. l’avant-propos de notre précédent article, Les Cahiers de l’Unité n° 30, p. 19.

​

2. Si Fut. I, 113..]

​

3. Les Ordonnances divines, La réforme du Royaume humain, Al-Tadbîrât al-ilâhiyyah fî islâh al-mamlakat al-insâniyya (Albouraq, 2022).

​

4. Les Cahiers de l’Unité, n° 28, 2022.

​

5. Introduction des « Textes du Taçawwuf sur le Maître et le disciple », É.T. n° 370, p. 37. M. Vâlsan rend le titre du traité par Les actes du gouvernement divin pour la bonne marche des affaires du royaume humain.

​

6. L’Homme ...

 

​

 

 

L’intégralité de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 33 des Cahiers de l’Unité

​