Les lettres ou épîtres théosophiques de Jacob Bœhme sont des documents d’une importance exceptionnelle pour un ésotériste. On y trouve en effet, outre des éclaircissements sur la doctrine exposée d’autre part dans les différentes œuvres de l’auteur, des indications d’ordre méthodique, voire technique, touchant la réalisation spirituelle.
      Il s’agit le plus souvent de réponses à des questions que lui ont posées ses correspondants pour leur propre édification. Mais quelle est l’origine de ces entretiens spirituels ? Voici comment J. Bœhme lui-même expose les faits, à maintes reprises.
        Presque dépourvu d’instruction profane, il avait écrit au jour le jour, d’une plume maladroite, certaines révélations obtenues directement sous l’inspiration du Saint-Esprit. Telle est l’origine du traité intitulé Aurora. Cette œuvre n’était nullement destinée au public, même pas à un public restreint. Il s’agissait d’un aide-mémoire. J. Bœhme eut l’imprudence – plus tard qualifiée de providentielle – d’ouvrir sa conscience à son pasteur. Celui-ci ne se contenta pas d’admonester son ouaille ; il lui confisqua son manuscrit, encore inachevé. L’ecclésiastique avait fait promettre à Bœhme de laisser là sa plume et de retourner à ses chaussures, s’engageant de son côté à ne faire publiquement aucune allusion à l’affaire. Mais cette dernière promesse ne fut pas tenue. Le pasteur de Görlitz fit circuler le manuscrit (que Bœhme croyait détruit) et tonitrua en chaire contre le cordonnier théosophe. Cependant, de très hauts personnages, des savants et des lettrés avaient eu connaissance du traité théosophique. Bœhme fut bientôt assailli de demandes d’« éclaircissements » tant orales qu’écrites. L’œuvre, divulguée à des fins malveillantes avait éveillé dans toute la Silésie la curiosité de bien des gens. Pour certains, elle éclairait d’un jour nouveau leur recherche de la vérité. De toutes parts,
on suppliait ...