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MIROIR DES TEXTES

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René Guénon, Frithjof Schuon :

Héritages et controverses 

sous la direction de Patrick Ringgenberg et Setareh Houman, Collection « Métaphysique au quotidien », L’Harmattan, 2023, 354 pages.

PLAN

I – Histoire éditoriale des livres de Guénon et Schuon en Italie

La rupture de 1950 : Frithjof Schuon contre René Guénon et Michel Vâlsan contre Frithjof Schuon

Paul Chacornac et les Études Traditionnelles 

Frithjof Schuon et Michel Vâlsan : la réconciliation de 1958 

Roger Maridort

1970 : première révélation publique de la rupture de 1950

 

II – Histoire éditoriale des livres de Guénon en Allemagne

René Guénon et Julius Evola

L’avant-guerre (Vorkriegszeit) 

Révolte contre le Monde moderne (Erhebung wider die moderne Welt) 

L’œuvre de Guénon en Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale

Leopold Ziegler et André Préau 

Vorkriegsverhältnisse : une situation générale défavorable

L’après-guerre (Nachkriegzeit) 

La seconde étape de l’action anti-traditionnelle : l’ouverture de la Janua Inferni 

Das Rheingold (L’or du Rhin)

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Extrait d’une lettre de Jean-Louis Michon 

         Nos lecteurs se souviennent sans doute que M. Ringgenberg avait publié en 2010, chez le même éditeur, son mémoire de diplôme en science religieuse à l’École Pratique des Hautes Études (ÉPHÉ) sous le titre Diversité et unité des religions chez René Guénon et Frithjof Schuon dont il avait été donné un long compte rendu critique en 2016 dans le premier numéro de ces Cahiers. On attendait quelque changement que ce compte rendu, l’expérience et la réflexion auraient pu conseiller à M. Ringgenberg, mais il n’en a rien été et on sera donc déçu par ce nouveau livre.          

        Sa brève Introduction est d’emblée peu appropriée à la fois au titre et au contenu de cet ouvrage collectif publié sous sa direction. En effet, s’il mentionne à peine Guénon, en revanche, il fait longuement part de sa volonté de « rendre justice » au « courant de pensée » issu de l’« œuvre doctrinale » et du « magistère spirituel » de Frithjof Schuon (1907-1998). Il souhaite en offrir « une vision critique neuve et originale » et « fonder un champ d’étude du futur ». Il s’interroge également sur son héritage et le devenir de sa tarîqa. En dehors de ce dernier point, sachant que la vie actuelle d’une confrérie initiatique (tarîqa) n’a pas à être exposée au public profane (sauf dangers particuliers), devant une telle interrogation et un tel projet, on s’étonne évidemment de ne pas trouver dans son recueil des textes provenant de représentants éminents de ce « courant de pensée » qui exposeraient leurs vues sur la question. 

        Certes, Martin Lings (1909-2005) et Jean-Louis Michon (1924-2013) sont morts comme il le relève, mais MM. Nasr, Aymard, Laude et Canteins, ainsi que bien d’autres, sont toujours vivants. Les intellectuels ayant plus ou moins remis autrefois et depuis longtemps leur destin entre les mains de Schuon, qui adhèrent à son enseignement et qui sont donc directement concernés, devraient tout de même pouvoir s’exprimer dans un livre qui prétend « rendre justice » à ce « courant de pensée ». D’autant qu’ils sont certainement les meilleurs connaisseurs de son œuvre et de son histoire, et les seuls détenteurs de certains renseignements qui ne sont pas dans le domaine public, et ainsi les seuls à même d’apporter un éclairage « neuf et original » sur divers points. Il nous semble qu’un ouvrage du type de celui que dirigent ici M. Ringgenberg et Mme Houman, s’il prétend répondre aux critères de scientificité moderne et académique qui veulent sans doute être les siens, c’est-à-dire détaché de tout parti pris idéologique ou autre, impose pourtant la nécessité épistémique et méthodologique d’une perspective équilibrée et ouverte.

       Certes aussi, M. Ringgenberg en appelle à des « analyses critiques qui évaluent l’œuvre de Schuon et ses apports », et n’hésite pas à reprocher aux publications de ses disciples à ce propos d’en être dépourvues, mais comme lui-même ne tient aucun compte des analyses critiques déjà appliquées à ses propres travaux précédents sur Guénon et Schuon, son autisme apparent, c’est-à-dire son refus ou son incapacité à prendre en compte la réalité, permet de douter de sa capacité à fournir ou à diriger une quelconque étude sérieuse et objective tant sur l’un que sur l’autre. Confiné dans ses représentations imaginaires, il n’est pas le mieux placé pour déplorer un manque d’examen critique chez les disciples de Schuon, ni le plus qualifié pour en requérir de leur part. D’autant qu’il élude un point méthodologique fondamental qui est celui des critères sur lesquels devraient se baser les « analyses critiques » qu’il appelle de ses vœux. S’il s’agit du point de vue idéologique moderne de nature seulement socio-historique en cours à l’ÉPHÉ, pourquoi ne l’a-t-il pas dit ? Si pour M. Ringgenberg, il s’agit de juger selon le critère de son entendement socio-historique, il est à craindre qu’il reste seulement avec son entendement et n’ait jamais une réelle compréhension de la pleine réalité de son sujet.

         Nous examinerons chacun des textes de ce livre dans l’ordre où il s’y trouve...   

 

Laurent Guyot

(À suivre)

 

L’intégralité de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 35 des Cahiers de lUnité

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