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La doctrine purânique des cycles cosmiques*

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Autour du Mêru se trouvent les neuf planètes : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, le Soleil, la Lune, et deux autres inconnues de l’astronomie occidentale, Rahu et Ketu (Chhaya graha = « planètes d’ombre »), situées aux nœuds de la Lune (les points où le Soleil, la Lune et la Terre sont alignés). Le cercle extérieur représente les douze signes du Zodiaque.

        À l’occasion des célébrations de 1937 pour le soixantième anniversaire de la naissance d’Ânanda Kentish Coomaraswamy, afin de rendre hommage à son ami, René Guénon a écrit une importante étude sur la doctrine des cycles cosmiques. L’article, sous un titre tout à fait modeste : « Some remarks on the doctrine of cosmic cycles » (« Quelques considérations sur la doctrine des cycles cosmiques »), est paru en langue anglaise dans une traduction de Stella Kramrisch (1), dans le numéro de juin-décembre du Journal of the Indian Society of Oriental Art édité à Calcutta. Il a été ensuite été publié en 1938 dans sa version française originale dans les Études Traditionnelles.

         Dans ses écrits précédents, Guénon avait déjà souvent fait référence à cette doctrine des cycles. Dans La Crise du Moderne Moderne en 1927, le chapitre d’ouverture (« L’Âge des ténèbres ») est consacré à l’exposition de la partie finale du développement cyclique et aux différentes modalités qui ont conduit à la situation actuelle de confusion intellectuelle où la planète entière semble maintenant se diriger. D’autres de ses textes importants, comme ceux de la trilogie constituée par « Quelques aspects du symbolisme du poisson » (1936), « Le Sanglier et l’Ourse » (1936) et « Les mystères de la lettre Nûn » (1938) (2) ne prennent une clarté doctrinale complète et une portée universelle que si l’on garde à l’esprit la doctrine hindoue des cycles cosmiques qui justifie et donne sens à leur valeur symbolique.

          Avant cette étude, peu d’orientalistes avaient rappelé l’importance de la doctrine des cycles pour comprendre l’ensemble de la cosmologie hindoue. Il est probable que les références les plus précises se trouvent dans...

 

Nuccio D’Anna

NOTES

* Pour une présentation plus détaillée de l’ensemble de la doctrine hindoue sur les cycles cosmiques et la conception doctrinale du temps, les lecteurs pourront se reporter à notre livre : N. D’Anna, I cicli cosmici in India, Edizioni Arya, Gênes 2024.

 

1. Stella Kramrisch (1896-1993) est née dans la bourgeoisie de l’empire austro-hongrois d’un père juif et d’une mère catholique. Correspondante et admiratrice de Coomaraswamy qu’elle eut l’occasion de rencontrer, lectrice de Guénon, historienne d’art, spécialisée dans l’art indien, elle est une des premières à avoir interprété l’art indien dans son contexte traditionnel. Sa vocation lui était venue par la lecture de la traduction allemande de la Bhagavad Gîtâ (1912) par Leopold von Schrœder. Selon Rajesh Singh : « Kramrisch fit sienne l’idée de Coomaraswamy selon laquelle l’art indien est “symbolique” et reflète la perception de l’esprit plutôt que celle de la rétine, ce qui distingue les objectifs de l’art indien de ceux de l’art occidental. » (« The Writings of Stella Kramrisch with Reference to Indian Art History: The Issues of Object, Method and Language within the Grand Narrative », East and West, vol. 53, n° 1/4, décembre 2003) Pour Kramrisch, l’art indien repose sur un rapport au monde capable de synthétiser l’observation du visible et l’expérience de l’invisible. Ces deux aspects sont contenus selon elle dans la « puissance dialectique » des notions sanscrites de drshṭa (ce qui est vu, ou visible) et adrshṭa (ce qui n’est pas vu, ou invisible), qu’elle emprunte au Vishṇudharmottara Purâna, dont elle est la première traductrice en anglais. Son érudition reste une référence à ce jour...

2. ...

L’intégralité de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 39 des Cahiers de lUnité

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