Numéro 17
Janvier, février, mars 2020
édition brochée, 218 illustrations et photographies, couleur, papier couché 120 g, format 19x25, 112 p.
44 €
Revue d'études des doctrines et des méthodes traditionnelles
Cahiers de l’Unité
Aperçus sur l’ésotérisme dans le Bouddhisme

Représentation symbolique de l’Éveil total et complet, selon les textes des Yogatantras, qui affirme visuellement la supériorité de l’illumination tantrique. Un disque blanc, symbolisant la nature de la réalité ultime, surmonte un lotus bleu trônant, représentant Vairochana, d’où émane une lumière aux couleurs de l’arc-en-ciel. Les Buddhas des Trois Temps et des Dix Directions sont assis sur des nuages (Album de visualisation du Sarvavid Vairochana)
L’existence même de l’ésotérisme au sein du Bouddhisme peut étonner jusqu’aux esprits les plus brillants et les plus cultivés parmi les Occidentaux. Certes, depuis l’invasion du Tibet par le pouvoir chinois en 1959, qui entraîna l’exil des principaux maîtres tibétains, d’abord en Inde puis en Europe et en Amérique, le Bouddhisme tibétain a progressivement conquis une certaine notoriété en Occident. Mais c’est surtout par curiosité pour la figure du XIVe Dalaï-Lama, Tenzin Gyatso, perçu comme un chef religieux bienveillant, en quelque sorte à l’image du Pape, homme de paix et de compassion qui résiste à l’oppression du communisme chinois par le dialogue et la diplomatie – perception parfaitement juste, au demeurant, mais ne rendant pas justice à l’immense profondeur d’une doctrine métaphysique et à ses multiples applications dont le Dalaï-Lama est le dépositaire le plus vénéré (1). Il est donc difficilement contestable que, si l’ésotérisme dans le Bouddhisme vit aujourd’hui parmi nous, il demeure quasiment inconnu, ignoré ou incompris.
En effet, c’est effectivement au sein du Bouddhisme tibétain que se trouvent les doctrines ésotériques et les méthodes initiatiques du Bouddhisme envisagé de façon générale. Celles-ci sont regroupées sous les noms principaux de « Tantra », « Vajrayâna » (Voie du Diamant), ou « Guhyamantrayâna » (Voie du Mantra Secret) (2).
Le présent article se propose, modestement, d’exposer les principaux caractères de ces doctrines et de ces méthodes, sans toutefois violer le secret du sanctuaire.
Le Bouddhisme tantrique ou le tantrisme bouddhique est d’abord bouddhiste. Il s’inscrit intégralement dans la voie vers l’Éveil (Bodhi) enseignée par le Buddha Shakyamuni, et n’est pas, malgré l’absence de prohibitions à cet égard, une sorte de supplément ésotérique ayant vocation à être pratiqué de manière isolée ou en syncrétisme avec d’autres voies spirituelles ou religieuses (3). On pourrait également dire du Tantra bouddhiste que, non seulement il appartient pleinement à...
Julien Huet
NOTES
1. Un tibétologue contemporain, Glenn Mullin, compare même l’apport traditionnel consécutif à l’exil des Tibétains à celui qui a suivi la chute de Constantinople : « The spread of the knowledge of Tibetan religion in the West within a few decades is in some ways comparable to the spread of knowledge of Greek and classical culture in Europe after the capture of Constantinople by the Turks and the diaspora of Byzantine scholars. It is as though a new dimension has been added to the stock of world civilization » (Glenn H. Mullin, The Practice of Kalachakra, Snow Lion Publications, 1991, p. 123).
2. L’intelligence de la Vacuité dans le Mahâyâna y reflète déjà de manière transparente la présence de l’ésotérisme. Pour être complet, il faut également mentionner l’existence d’une voie présentant des caractères initiatiques dans le Bouddhisme Theravâda (le « Borân Kammatthâna »). Cette voie, présente essentiellement au Laos, au Cambodge et en Thaïlande, repose sur des doctrines et méthodes rituels hérités du Tantra. Cf. L.S. Cousin, « Aspects of Esoteric Southern Buddhism », s.d. ; Andrew Skilton and Phibul Choompolpaisal, « The Ancient Theravāda Meditation System, Borân Kammatthâna: Ânâpânasati or ‘Mindfulness of The Breath’ in Kammatthan Majjima Baeb Lamdub », Buddhist Studies Review, t. 32, n° 2, 2015 ; Kate Crosby, « Tantric Theravâda : A Bibliographic Essay on the Writing of François Bizot and others on the Yogâvacara », Contemporary Buddhism, vol. 1, n° 2, 2000 ; Esoteric Theravada: The Story of the Forgotten Meditation Tradition of Southeast Asia, Shambhala Publications, 2020.
3. Cela n’exclut évidemment pas la plus grande compassion envers ceux relevant d’autres formes traditionnelles.
4. ...
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