top of page

LES AMIS DE DIEU V

Les « Amis de Dieu »

‒ V â€’

AMIS image entete.png

Henri Suso

PLAN
RN 1 présentation
RN 2 Suso et les Amis de Dieu
RN 3 & 4
RN 5
Elsbeth Stagel disciple Suso

Elsbeth Stagel, dominicaine du monastère de Töss en Suisse, fut la disciple et la confidente de Suso. Comme lui, elle fut disciple, au moins doctrinalement, de saint Maître Eckhart.

Les quatres Filles de Dieu

Les quatres Filles de Dieu (Miséricorde, Vérité, Justice et Paix) dans le Château de Persévérance

(cf. Hope Traver, The Four Daughters of God, Philadelphie, 1907) 

Présentation

                       

                     Henri Suso (1295-1366) (1) a été béatifié par l’Église catholique en 1831. Né à Überlingen ou Constance, il est entré à treize ans au couvent dominicain de cette dernière ville. Il a passé une grande partie de sa vie près du Bodensee, le lac de Constance. Au studium generale de Cologne, il a eu Maître Eckhart comme professeur, et probablement Tauler comme condisciple. Il a fini sa vie à Ulm où il est enterré. Imprégné, comme Tauler, de la doctrine d’Eckhart, il fut un prédicateur dont l’influence rayonna jusqu’en Alsace et en Suisse, particulièrement chez les Amis de Dieu. Comme Tauler encore, sa prédication est axée sur la réalisation spirituelle plutôt que sur la doctrine, avec une tendance accentuée sur la Passion du Christ et la souffrance.

            Son Livre de la Vérité est un véritable plaidoyer en faveur de la doctrine métaphysique et de la voie initiatique de Maître Eckhart.

           Il a laissé des écrits importants, comme Le Livre de la Sagesse éternelle, qui sont passés à la postérité. Grâce à des traductions rapides en d’autres langues européennes, L’Horloge de la Sagesse, sorte d’édition élargie du titre précédent, a eu une influence considérable. Ses écrits, ses dialogues avec la Sagesse éternelle, sous un langage parfois plus “affectif” que ses prédécesseurs, révèlent sa connaissance des subtilités de la voie spirituelle.

          La lecture de son œuvre et de sa correspondance, comme celles de Tauler, montre qu’ils « parlent de croyants, évoquent des laïcs, qui semblent bel et bien revendiquer le titre d’Amis de Dieu. Ces derniers paraissant constituer un véritable réseau de correspondants, voire d’associations, entre Cologne et Bâle, Strasbourg et Medingen. (2)

 

Suso et les Amis de Dieu

 

             Le thème des Amis de Dieu est moins fréquent chez lui que chez Tauler, et il est plus difficile de situer cette station spirituelle dans une hiérarchie de degrés comme on a pu le faire chez ce dernier ou encore chez Ruysbroeck et chez Maître Eckhart (3). Ce sujet est cependant présent dans sa correspondance et dans sa Vie dont l’authenticité a été longuement discutée quant à la matière et quant à l’auteur (4).

            Dans le chapitre VIII de sa Vie, il est fait état d’une vision qu’il a de Maître Eckhart lui révélant qu’il était « dans le ciel, inondé d’une gloire ineffable et réellement tout transformé en Dieu ». Suso lui demandant comment « se reposent en Dieu ceux qui désirent ici-bas satisfaire la Vérité suprême par un abandon total et une confiance véritable et parfaite envers le Créateur », s’entend répondre par le Maître : « Ceux-là sont les bien-aimés, et leurs âmes sont dans le ciel délicieusement unies à Dieu et toutes submergées dans l’Abîme de son Essence divine ; et comme cet Abîme n’a pas de forme, de mesure, de limite, aucune expression ne peut rendre la félicité de ces âmes bienheureuses qui sont toutes noyées en Dieu. » Suso le questionne alors sur « l’exercice spirituel le plus utile et efficace pour arriver à cette parfaite béatitude ». L’âme du Maître lui répond : « C’est de renoncer à soi et à toute propriété en se confiant aveuglément à Dieu ; c’est de recevoir tout ce qui arrive comme venant du Créateur et non de la créature ; c’est d’être patient et doux avec ceux qui nous poursuivent comme des loups furieux. » (5)

                 On reconnaît en la circonstance la méthode spirituelle centrale de Maître Eckhart synthétisée par des termes techniques comme gelâzenheit, ledicheit, abegescheidenheit, qui désignent pour le premier l’état d’abandon, de renoncement à la prétention d’avoir une réalité que seule la Réalité suprême possède, pour...

 

Steffen Greif

(À suivre)

​

 

La suite de cet article est exclusivement réservée aux acheteurs

du numéro 11 des Cahiers de l'Unité

Citation

Pour citer cet article :

Steffen Greif, « Les Amis de Dieu», Cahiers de l’Unité, n° 11, avril-mai-juin, 2018 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2018  

bottom of page