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ÉDITORIAL

ÉDITORIAL René Guénon

Kalki avatara

Kalkî avatâra

Cintemani

Çintemani est un des motifs marquants de l’art ottoman. Il fait référence à des dessins composés de grappes de billes triples et/ou de lignes doubles ondulées. On croit que ce motif avait des connotations talismaniques et royales, et qu’il représentait des taches de léopard et des rayures de tigre.

Chez les peuples turcs et iraniens d’Asie centrale, il était utilisé pour conjurer le mal et intimider l’ennemi sur le champ de bataille. Ces motifs sont apparus au XVe siècle chez les Timurides en Afghanistan et en Iran. Mais au XVIe siècle, les Ottomans les ont pris comme symboles de pouvoir. En réalité, comme le nom turc l’indique, il s’agit d’un symbole du Chintâmani. Dans l’Hindouisme, il est le Kaustubha, le joyau symbole de la divine autorité de Vishnu, issu du Barattage de la Mer de Lait. On peut l’obtenir du front du roi des Nagas ou de celui du Makara. C’est un symbole de l’Initiation. Elle seule permet d’échapper à l’enchaînement cyclique, c’est-à-dire à la série indéfinie des états manifestés et de leurs mutations. Elle seule aussi permet d’atteindre le point fixe et immuable de l’« Axe du Monde ».

            Nous devons tout d’abord demander à nos lecteurs de bien vouloir nous excuser du retard pris par la publication de ce numéro, et les remercier pour leur bienveillante patience. Nous croyons que leur attente ne sera pas déçue en découvrant le résultat des délais que nous avons jugé utile d’accorder à M. Laurent Guyot pour terminer son texte. En effet, la majeure partie de cette livraison est occupée par une étude critique dont il est l’auteur. Celle-ci nous a paru indispensable. Ce travail considérable n’aurait pu être mené à bien par notre collaborateur s’il n’avait été secondé par d’autres contributeurs de la revue. Il nous demande de leur renouveler ses remerciements pour leurs informations, leurs conseils et pour les documents provenant de leurs archives qu’ils ont mis gracieusement à sa disposition.            
          Cette étude est consacrée aux livres de M. Jean Robin. Celui-ci est l’auteur de quinze essais et de deux romans dont l’ensemble s’étend sur une quarantaine d’années, toute une vie et toute une œuvre donc. Les deux étant marquées par l’enseignement de René Guénon, derrière lequel il se retranche presque constamment. Cette ampleur demandait que soient examinés tous ses livres, et c’est ce qui explique notre retard de parution. Homme d’une grande intelligence, bon écrivain, fin lecteur de Guénon et s’y référant en permanence, M. Robin avait toutes les qualités pour apporter son concours désintéressé à la perspective traditionnelle sous un aspect ou un autre. Ce ne fut malheureusement pas le cas, tout au contraire. 
        Principalement en raison de la qualité de son premier livre, René Guénon, Témoin de la Tradition (1978), il retint l’attention de tous les lecteurs de Guénon. Cet ouvrage initial lui donna un semblant d’autorité qui rendit d’autant plus dangereux ses autres livres qu’avec eux l’enseignement traditionnel a été dénaturé et interprété dans un sens qui ne correspond nullement aux véritables intentions de Guénon. Celui-ci avait pourtant déclaré qu’il n’avait « aucune autre intention ou préoccupation que celle de dire la vérité », et « d’une façon aussi entièrement désintéressée que possible ». (Aperçus sur l’Initiation, « Avant-propos »). Ce qui n’a pas empêché M. Robin d’aller jusqu’à essayer de faire croire qu’il disait en réalité le contraire de ce qu’il écrivait. Il y avait là un préjudice considérable qui commandait une intervention. Il était impératif de tenter de mettre un terme à cette complète et pernicieuse subversion de sens qui ne pouvait que contribuer à augmenter le désordre et la confusion dans l’esprit de bien des gens. C’est pourquoi également il était nécessaire de montrer aussi nettement que possible ce qu’il y a sous tout cela.
        À cet égard, on découvrira de nombreuses mises au point avec des éléments inédits sur la situation des organisations initiatiques en Occident, sur Michel Vâlsan, sur le général de Gaulle, sur les « inspirateurs » de M. Robin, sur l’Ordre du Temple Rénové, sur l’origine de la « contre-initiation », sur certains groupements occultistes, sur l’affaire de Rennes-le-Château, etc. Ce texte ne s’en tient donc pas qu’à un côté purement négatif, c’est-à-dire à la dénonciation d’erreurs réelles, mais apporte aussi des éléments « positifs ». Bien entendu, beaucoup d’autres points auraient pu être abordés, mais comme le disait quelqu’una: qui ne sait se borner n’a jamais su écrire.
     
         En dehors de cette étude critique, nos lecteurs pourront prendre connaissance de la suite de la correspondance inédite de René Guénon avec René Humery. Ils auront encore le plaisir de retrouver M. Jean-François Houberdon qui offre la traduction de la Halte 248 des Mawâqif, un texte du plus grand intérêt de l’Émir ‘Abd al-Qâdir l’Algérien sur la doctrine des états posthumes dans l’ésotérisme islamique. À la suite, il propose un complément sur le même thème qui donne quelques aperçus supplémentaires sur la correspondance entre la doctrine des états posthumes dans l’Hindouisme et l’ésotérisme islamique. Ce qui termine ses précédents articles sur ce sujet.

Julien Arland

Directeur littéraire

citation

Pour citer cet article :

Julien Arland, « Éditorial », Cahiers de l’Unité, n° 30, Avril-mai-juin, 2023 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2023

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