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René Guénon

Par la voie gauche et grâce à la puissance noire

144 pages, Éditions Dervy, Paris, 2021.

Jean Robin

Plan

PLAN

L’auteur d’un seul livre 

Portrait de l’écrivain en juge suprême

Le dévoilement de la vérité par le temps

L’ouverture de nouvelles voies initiatiques 

La Gretchenfrage

Cultura Diaboli

La question de la maîtrise spirituelle

La question islamique et la voie étroite

L’Ordre du Temple Rénové  

L’initiation en dehors de tout milieu défini

L’interprétation erronée de Marcel Clavelle (et de M. Robin)

Les prétendus « procès-verbaux » de l’Ordre du Temple Rénové 

Nouvelles confusions et nouvelles erreurs

La victime d’une imposture

Perseverare diabolicum

L’adorateur du dieu maudit

Au pays des songes

Le « christianisme transcendant » de M. Robin 

Léo Taxil redivivus

Archéomanie et pseudo-histoire

H.P. Lovecraft et le retour du Grand Serpent

Les anciens rois d’Edom

La quérimonie de M. Robin 

Le secret de M. Jean Robin 

Le Roy Perdu

Perversion du sens et spiritualité à rebours

Celui par qui le scandale arrive

RN 1 + auteur un seul livre

L’auteur d’un seul livre 

     

         Aucun lecteur de René Guénon n’a oublié que M. Jean Robin se fît connaître en 1978 par une importante biographie intitulée René Guénon, Témoin de la Tradition. Très bien documentée (1) et bien écrite, celle-ci a connu un succès certain et mérité. Elle était d’une qualité et d’un intérêt supérieurs à toutes celles qui avaient été publiées auparavant. Son point de vue alors traditionnel lui avait permis de bien situer l’homme et l’œuvre pour un « large public cultivé ». Bien entendu, d’aucuns pouvaient vertueusement lui reprocher de s’être attaché à rédiger une biographie, mais il s’en était expliqué, son livre n’était pas que cela, et celles qui étaient parues autrefois rendaient indispensable une remise en perspective. Même si elle fut mal reçue chez certains lecteurs de Guénon qui se sentirent sans doute dépossédés par ce nouveau venu de l’autorité ou de la légitimité, souvent illusoires, qu’ils pensaient détenir, il s’agissait d’un travail utile et même remarquable par certains côtés. 

       Quelques années avant l’époque de sa rédaction, en 1971, M. Robin, qui n’avait pas encore trente ans (il est né en 1946), avait notamment rencontré Michel Vâlsan et fréquentait alors plusieurs de ses disciples. C’est très probablement dans ce cercle qu’il acquit ce point de vue traditionnel qui faisait tant défaut aux précédentes biographies, et qui explique l’orientation générale de son ouvrage, ainsi qu’une partie de sa qualité (2). Malheureusement, en s’éloignant de ce milieu – jusqu’à s’y opposeri–, il perdra ce point de vue et cette orientation. Il est probable que des réactions hostiles venues également de ce bord lors de la parution de son livre y contribuèrent pour une part. On sait que face à la plupart des activités, on rencontre l’opposition de ceux qui voudraient faire la même chose, ou croit le pouvoir, ceux qui sont contre, et, les plus sévères, ceux qui ne font rien...

         Toutefois, d’après divers témoignages – mais sans exclure qu’il puisse s’agir de médisances –, à côté de qualifications intellectuelles certaines, il y aurait eu chez M. Robin des symptômes évoquant des troubles de nature psychique. Michel Vâlsan lui aurait enjoint de les résoudre s’il voulait recevoir un rattachement initiatique, et l’aurait confié à un de ses disciples. Il semble que ce fût une des raisons qui le conduisit à s’écarter de ce milieu. Quoi qu’il en soit, celui-ci devait voler en éclat après la mort de Michel Vâlsan en novembre 1974. M. Robin n’en trouva pas d’autre dans lequel il aurait sans doute pu obtenir la stabilité d’une vie traditionnelle qui lui manquait si cruellement. Sa mentalité sarcastique et hypercritique ne l’y aida pas non plus. 

       L’année suivante, en 1979, il publia Les Objets Volants Non Identifiés ou la Grande Parodie. Ce petit livre, dont le sujet pouvait surprendre, paraît confirmer ses préoccupations liées au domaine intermédiaire. L’explication avancée du phénomène OVNI est celle de forces subtiles inférieures prenant des formes en accord avec la mentalité de ceux qui les perçoivent. Ce qui est tout à fait judicieux et concluant d’un point de vue traditionnel. Pour des raisons commerciales, afin de tirer avantage du succès de son ouvrage sur Guénon, il publia ensuite plusieurs autres livres d’un intérêt beaucoup plus limité. On pouvait déjà y déceler une inclination prononcée pour l’eschatologie, ses personnages et ses phénomènes, ainsi qu’une morbide fascination pour ce qui relevait de la « contre-initiation », inclination qui semblait déjà quelque peu obsessionnelle : Réponse de Nostradamus à M. de Fontbrune (1981), Rennes-le-Château, la Colline envoûtée (1982), René Guénon, la dernière chance de l’Occident (1983), et Les sociétés secrètes au rendez-vous de l’Apocalypse (1985). 

            Le style non dénué d’un certain « sensationnalisme » permettait de mettre en doute la valeur, sinon la sincérité, de la nouvelle orientation qui s’y faisait jour, orientation qui apparaissait particulièrement inquiétante dans le dernier ouvrage de cette série. Au regard de son livre sur Guénon, toutes ces nouvelles publications étaient très décevantes. On pouvait cependant encore à la rigueur supposer alors qu’il s’agissait seulement d’ouvrages occasionnels à caractère plus ou moins «ialimentairei», et donc à visées purement mercantiles qu’aurait nécessité la situation économique de l’auteur, tant il vrai que bien des choses s’expliquent ainsi. Ceux ayant apprécié son ouvrage sur Guénon, voire qui en avaient été marqués, et dont le point de vue était traditionnel, également avertis des vicissitudes infligées aux écrivains par la vie moderne, étaient disposés à passer sur ce fâcheux intermède que ferait sans doute oublier la parution d’un ouvrage d’une envergure similaire au premier.         

            Ce nouveau livre qu’attendaient les lecteurs du premier ne vint jamais. Certes, M. Robin publia en 1992 un livre de près de huit cents pages intitulé Le Royaume du Graal, et nous en dirons quelques mots, mais il ne faisait en réalité que confirmer ses errements précédents en s’avançant toujours plus loin dans l’égarement. Jusqu’à la fin, tournant en rond dans la nuit, il ne fera ainsi que se consumer dans le feu obscur des mêmes illusions. On peut le dire dès maintenant, M. Jean Robin ne fut jamais l’auteur que d’un seul livre. Tous les autres, dont celui dont allons rendre compte, ne sont malheureusement au point de vue traditionnel que cendres et poussières du vent...

Portrait de l’écrivain en juge suprême

             Pourquoi ce qui avait si bien commencé s’était-il si mal terminé ? Comme de juste, c’est encore dans... 

 

Laurent Guyot

L’intégralité de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 30 des Cahiers de lUnité

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portrait
René Guénon Témoin de la Tradition.png
Les Objets Volants Non Identifiés ou La Grande Parodie.png
les sociétés secrètes au rendez-vous de l'apocalypse.png
citation

Pour citer cet article :

Laurent Guyot, Compte rendu du livre : René Guénon. Par la voie gauche et grâce à la puissance noire, Jean RobinCahiers de l’Unité, n° 30, juin-juillet-août, 2023 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2023

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