Numéro 17
Janvier, février, mars 2020
édition brochée, 218 illustrations et photographies, couleur, papier couché 120 g, format 19x25, 112 p.
44 €
Revue d'études des doctrines et des méthodes traditionnelles
Cahiers de l’Unité
Présentation de l'article de René Guénon
« Mise au point nécessaire »
René Guénon
Croquis par Jean Texcier
(Nouvelles littéraires, 26 juillet 1924)
Le 4 janvier 1923, René Guénon informe Arturo Reghini qu’Orient et Occident « est entièrement prêt et va sans doute paraître bientôt (cela ne dépend plus que de l’éditeur), et je prépare en ce moment un ouvrage sur le Vêdânta. » Le premier livre ne sera publié qu’en juin 1924, et Julius Evola rédigera à son propos une note dans son article intitulé : « Il problema di Oriente ed Occidente e la teoria della conoscenza secondo i Tantra » (Ultra, sept. 1925, pp. 232-233). Le 26 janvier 1926, Guénon précise à Guido De Giorgio que cette revue « se qualifie de “théosophique indépendante”, c’est-à-dire qu’elle est l’organe d’un groupement qui s’est séparé de la Société Théosophique “besantiste” (Gruppo “Roma”) » ; puis il copia ladite note, qui est reproduite et traduite dans L’Instant et l’Éternité, de De Giorgio (pp. 259-260).
Il y répondit par une courte « Mise au point », qui est restée inédite, mais qu’il résuma dans la suite de sa lettre : Evola « a fait allusion à moi dans une note, à propos d’“Orient et Occident”, en des termes qui prouvent qu’il n’a pas compris grand’chose à ce que j’ai exposé ; il va même jusqu’à me qualifier de “rationaliste”, ce qui est plutôt ridicule (d’autant qu’il s’agit d’un livre où j’ai expressément affirmé la fausseté du rationalisme !), et ce qui montre bien qu’il est de ceux qui ne peuvent se débarrasser des étiquettes philosophiques, et qui éprouvent le besoin de les appliquer à tort et à travers. Il m’annonce son intention de faire un article sur “L’Homme et son devenir” ; je me demande ce que cela pourra être ; enfin, on verra bien. »
C’est dans L’Idealismo Realistico, « revue bimensuelle de philosophie mazzinienne » (2e année, fasc. 21-24, 1er nov.-15 déc. 1925, pp. 32-48), que le compte rendu en question parut. René Guénon y répondit, ainsi qu’à la note relative à Orient et Occident, dans sa « Mise au point nécessaire », qui est éditée pour la première fois en français à partir d’une copie de l’original autographe. Sa traduction fut publiée sous le titre : « À propos de la métaphysique hindoue : une rectification nécessaire » (3e année, fasc. 9-10, 1er-15 mai 1926, pp. 18-23). Evola riposta, sans apporter d’arguments probants (Ibid., pp. 23-26).
Nous ajouterons une dernière remarque. Dans le dernier paragraphe, Guénon précise qu’Evola « n’a pas, comme nous, travaillé et réfléchi sur ces questions pendant plus de quinze ans avant de se décider à publier son premier livre. » « Ces questions » concernent principalement la métaphysique du Vêdânta, que Guénon apprit directement auprès de Maîtres hindous. D’autre part, suivant qu’on rapporte l’indication fournie à la date de la fin de la rédaction de l’Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues ‒ deuxième moitié du mois de février 1920 ‒, ou à la date de sa parution ‒ mai 1921 ‒, nous avons désormais deux dates considérées chacune comme terminus ante quem, et qui permettent de situer le moment où Guénon fut considéré par ses Maîtres hindous comme étant apte à exposer publiquement les doctrines métaphysiques et initiatiques de l’Orient.
Patrice Brecq
Pour citer cet article :
Patrice Brecq, « Présentation de l'article de René Guénon : "Mise au point nécessaire"», Cahiers de l’Unité, n° 9, janvier-février-mars, 2018 (en ligne).
© Cahiers de l’Unité, 2018