Numéro 17
Janvier, février, mars 2020
édition brochée, 218 illustrations et photographies, couleur, papier couché 120 g, format 19x25, 112 p.
44 €
Revue d'études des doctrines et des méthodes traditionnelles
Cahiers de l’Unité
PLAN
Introduction
L’enseignement de Shiva (shivashâsana) qui définit les shivaïtes (Shaïvas) est divisé en deux grandes branches ou courants (strotas). Ils sont désignés comme la Voie supérieure (Atimârga) et la Voie des mantras (Mantramârga). La première est accessible seulement aux ascètes célibataires, tandis que la seconde est ouverte à la fois aux ascètes et aux gens mariés (grhastha). Elles ont aussi des buts différents. L’Atimârga est destiné à la seule Libération, alors que le Mantramârga promet à la fois celle-ci et, pour ceux qui le désirent, la possession de pouvoirs surhumains (siddhis) et la jouissance de plaisirs (bhoga) surnaturels dans les mondes de leur choix. L’Atimârga shivaïte est quelques fois appelé Raudra plutôt que Shaïva. C’est parce que cette voie est attribuée et se rapporte à Shiva dans son ancienne forme védique de Rudra (le « Terrible »), la divinité des puissances sauvages et protéennes, hors du sacrifice shrauta. Il comporte lui-même deux divisions principales, le Pâshupata et le Lâkula.
L’Atimârga du Pâshupata
L’observance ascétique (vrata), qui est le moyen permettant de parvenir à la Délivrance, est celle du Pâshupata. Elle porte ce dernier nom parce que la révélation de cette voie est attribuée à Rudra comme Pashupati (le « Maître » [-pati] des (êtres) liés [pashu-]). Selon ceux qui suivent cette voie traditionnelle, à savoir les Pâshupatas, Pashupati s’est manifesté sur terre comme Lakulîsha en entrant dans le corps d’un brahmane qu’il a réanimé sur un champ de crémation. Incarné comme un yogî, il a révélé le texte fondamental du culte : les Aphorismes du Pâshupata (Pâshupatasûtras). Notre source principale pour les formes de cette tradition est le commentaire de Kaundinya. Il a été suggéré de manière assez fragile qu’il appartenait au IVe siècle. Le culte Pâshupata lui-même, au moins dans la forme qui dérive de Lakulîsha, est de deux siècles plus ancien.
Le vœu ou l’observance Pâshupata (pâshupatat-vrata) était réservé aux brahmanes masculins qui avaient connu le rite orthodoxe d’investiture (upanayana), lequel donne un accès individuel au Vêda et une pleine appartenance à la communauté hindoue. L’étape de la vie (âshrama) à partir de laquelle un brahmane pouvait devenir un Pâshupata n’avait pas d’importance. [1] Il pouvait être un étudiant célibataire (brahmachârin), un maître de maison (grhastha), un ermite demeurant dans la nature (vânaprastha) ou un mendiant errant (bhiksu). Transcendant ces classifications orthodoxes, il entrait dans la « cinquième » étape de la vie qui est celle de la réalisation (siddha-âshrama).
Le but des Pâshupatas était la fin de la souffrance (duhkhânta). Ce qui est aussi conçu positivement...
Alexis Sanderson
(À suivre)
Cet article n’est plus en libre accès.
Il est contenu dans l'édition imprimée du numéro 2
et du Recueil annuel 2016 des Cahiers de l'Unité
Shiva aux cinq faces
(Panchamukha)
Pour citer cet article :
Alexis Sanderson, « Le Shivaïsme et traditions tantrique (II) », Cahiers de l’Unité, n° 2, avril-mai-juin, 2016 (en ligne).
© Pour la traduction française, Cahiers de l’Unité, 2016