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René Guénon et la tradition hindoue par R. Fabbri

René Guénon et la tradition hindoue

Renaud Fabbri. Éditions l’Âge d’Homme, Collection Océan noir, 136 pages, Lausanne, 2018.

M. Renaud Fabbri
ou les limites d'une compréhension (III & fin)

PLAN

Réalisation immédiate et guidance initiatique : Shrî Mâ Ananda Mayî (1896-1982)

L’Identité suprême de Shrî Mâ Ananda Mayî

L’appel des abîmes

Le grand secret de l’Hindouisme

Résolution des oppositions

La Voie du Secret

Shrî Vidyâ

Conscience de la sainteté  

Nécessité de la vie traditionnelle

Obligation d’une adaptation traditionnelle

L’unité ésotérique des formes traditionnelles

La métaphysique orientale

Un ouvrage malévole

Plan
Réalisation

Réalisation immédiate et guidance initiatique :

Shrî Mâ Ananda Mayî (1896-1982) 

               

            Un autre cas spirituel qui présente une étroite analogie avec celui de Shrî Râmana Maharshi est celui de Shrî Mâ Ananda Mayî. Elle aussi ne semblait exercer qu’une « action de présence », et paraissait également ne pas avoir de disciples au sens strict et technique du terme. Pourtant, elle transmettait également une initiation qui était cachée à la plupart. Certains de ceux qui l’ont reçue sont encore vivants aujourd’hui. (1)

                  Voici un récit qui montre comment elle pouvait donner une guidance et un enseignement initiatique, malgré le caractère très exceptionnel de la voie qu’elle a connue :

                      « Mâ avait demandé à un homme et à sa femme d’apprendre la Shrî Vidyâ – les méditations et le culte liés au Shrî Yantra, symbole géométrique sacré de la Mère divine. Cette suggestion s’est concrétisée de manière remarquable. Un jour à l’ashram de Vrindavan, Mâ a demandé au couple quelle était la conjonction astrologique pour le jour présent et l’heure actuelle. Ignorant la réponse, l’homme est allé chercher Swâmî Satchidananda, un Danda Swamî très érudit [un sannyâsin shankarien porteur du bâton (danda), symbole de l’autorité spirituelle. L’astronomie-astrologie est l’une des six sciences auxiliaires du Vêda], et les trois se sont assis devant Mâ. Ayant pris connaissance des positions astrologiques exactes du moment par le swâmî, Mâ s’exclama : “C’est un moment très propice”, puis se tut. Après quelques minutes, elle leva les yeux au ciel et, à la stupéfaction des trois spectateurs, devint complètement rouge ! Sa peau, ses cheveux et même ses vêtements d’un blanc immaculé virèrent au rouge brillant (la couleur associée à Tripura Sundarî – la déesse du Shrî Yantra) et le restèrent pendant tout l’évènement qui suivit. Ensuite, Mâ ouvrit la bouche et un flot de mantras sanscrits en émana rapidement avec une parfaite prononciation. Alors que l’énonciation se poursuivait, swamî Satchidananda se pencha vers l’homme et lui murmura : “Ce sont les mantras de la Shrî Vidyâ.” Après plusieurs minutes de psalmodie rapide, Mâ se tut à nouveau et retrouva sa couleur normale. Elle demanda ensuite au couple de rencontrer Swâmîji le lendemain matin afin qu’il leur apprenne la pûjâ du Shrî Yantra. Le lendemain matin, ils rencontrèrent Swâmîji dans le temple de l’ashram. Il leur demanda s’ils se souvenaient de certains des mantras que Mâ avait récités spontanément, car le rituel était complexe et il estimait qu’ils ne devraient apprendre que la partie dont ils se souvenaient intuitivement. Ils ont répondu que tous les mantras étaient nouveaux pour eux et qu’ils ne pouvaient se rappeler aucun d’eux. Quand il leur dit d’essayer de se souvenir, ils se sont regardés dans les yeux et, tout à coup, mari et femme ont commencé à réciter simultanément les mantras complets que Mâ avait prononcés. Swamiji se contenta de sourire et dit : “C’est la façon dont Mâ a dit que vous devriez apprendre toute la pûjâ.”» (2)

 

L’Identité suprême de Shrî Mâ Ananda Mayî            

 

          « En relation avec l’emploi par Mâ des termes khanda et akhanda [indivis], je lui ai demandé : “Lorsque vous êtes dans votre forme absolue, pouvez-vous avoir connaissance de nous ?”

            La question provoqua l’apparition d’une expression solennelle sur son visage. Elle répondit : “Ce sont des choses que je ne divulge pas à tous, elles ne franchissent pas mes lèvres en présence de tous. Mais je vais vous les dire. Vous avez posé la question et la réponse vient sur mes lèvres. C’est sans doute parce que vous pouvez les comprendre.

             Je ne suis ni ce khanda ni cet akhanda dont vous parlez, mais je prends ces aspects dans ma foulée [allusion à un des sens du mot khanda selon le Nâtya-shâstra où il désigne une des quatres classes de « mouvement des pieds » qui, dans le théâtre, font partie de la « représentation physique » (âgika) pour communiquer le sens du drame et appeler l’émotion (rasa). Ndt]. Je ne suis ni sans limite ni confinée à des limites. Je suis simultanément les deux. Me désigner comme khanda est me circonscrire, et si vous me qualifiez d’akhanda vous faite la même chose. Mais je n’ai pas de limite, pas de lien. Je suis khanda et finie pour autant que je m’alimente et dors. En même temps, je suis infinie en ce que je n’ai nul besoin de ces choses.

           Lorsque des enfants viennent à moi, je plaisante avec eux et je deviens l’un d’entre eux. De même quand de grands hommes viennent à moi, je parle avec eux à leur propre niveau. Beaucoup d’âmes – et je ne parle pas des bonnes âmes seulement, de nombreuses âmes mauvaises m’approchent aussi et je les rencontre dans leurs propres conditions et satisfais leurs besoins. Je suis l’univers dans son indéfinité incluant les vers et les insectes éphémères. Vous me demandez si vous êtes à l’intérieur de ma perception connaissante (ken) quand je suis dans mon essence absolue. Ma réponse est non seulement vous, mais même également ceux qui ne m’ont jamais vue ou entendu parler de moi, immergée dans ma vision au moment où ils ont besoin de moi et je fais le nécessaire pour eux.”

           J’ai alors déclaré : “Mâ, j’ai eu une discussion avec Jyotish Babu en relation avec la rédaction de votre biographie... Je lui ai dit : “ Vois-tu, il est impératif qu’une biographie de Mâ soit rédigée. Vous êtes son collaborateur permanent ; en plus d’être intensément dévoué, vous avez un don remarquable pour l’écriture. Considérant tout cela, vous êtes celui qui doit entreprendre la rédaction de sa biographie. Ce à quoi Jyotish Babu répondit : “Rien ne peut être fait à moins que Mâ ne le veuille. D’ailleurs, je pense que Mâ va se révéler Elle-même. On voit qu’Elle est souvent sur le point de le faire, puis s’arrête soudainement et déclare que le temps n’est pas encore venu. Je crois que sa biographie sera publiée lorsqu’elle le voudra.” En entendant cela, je n’en pensais rien sur le moment.

              Mâ : “Que faite-vous de moi ?”

           “À en juger par vos propres termes, vous êtes le Soi révélé, la véritable essence. Il n’y a pas de temps où vous n’existiez pas, et il n’y a pas de temps où vous cesseriez d’être. Maintenant, si l’on dit que vous êtes Mahâmâya, Kâlî, ou Durgâ manifestées comme être humain, ce serait vous investir indûment d’une limite. Ce ne serait pas votre véritable identité. Vous êtes en même temps limitée et sans limite. Comment Celle qui est le Soi révélé aurait une révélation ? Comment cela pourrait-il même être défini ? N’est-ce pas ainsi, Mâ ?”

             En souriant, Mâ dit, en appuyant sur chaque mot : “Ce que vous avez compris est la Vérité Elle-même.” » (3)

L’appel des abîmes

 

             Amplifiant et alourdissant les raisonnements spécieux de MM. Patrick Ringgenberg et David Bisson, M. Fabbri prétend également que Guénon « réduit...

   

       

Stanislas Ibranoff 

La suite de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 15 des Cahiers de l'Unité

RN 1
appel abimes RN 3
Identité RN 2
Mâ Ananda Mayî

Au milieu de la splendeur et de la magnificence qui semblait inévitable où qu’elle soit, Mâ Ananda Mayî vivait comme une ascète. 

L’interaction constante de la norme ordinaire et de la transcendance chez elle a été décrite de la façon suivante par un observateur : « C’était comme éprouver simultanément la lumière du soleil et de la lune. Avant de pouvoir être ébloui et submergé par les rayons du soleil, on serait apaisé et rassuré par les doux rayons de la lune. »

Mâ Ananda Mayî

Mâ Ananda Mayî

peu avant d’entrer en samâdhi

Mâ Ananda Mayî pieds

Lors de sa mort, le vendredi du 27 août 1982, vers 8 heures du soir, les dernières paroles de Mâ Ananda Mayî furent « Shivâya namah »

« Namah Shivâya » est le sthula panchakschara, le « (mantra) sensible de cinq syllabes », tandis que « Shivâya Namah » est le « (mantra) subtil de cinq syllabes », Sukshma Panchakshara.

Mâ Ananda Mayî

Mâ Ananda Mayî

au sortir du samâdhi

Shiva

Shiva

Pour citer cet article :

Stanislas Ibranoff, « M. Renaud Fabbri ou les limites d'une compréhension. Compte rendu critique du livre : René Guénon et la tradition hindoue. Les limites d'un regard, Renaud Fabbri, Cahiers de l’Unité, n° 15, juillet-août-septembre, 2019 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2019  

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