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La Reine et l'Avatar

Dominique Wohlschlag 

La Reine et l’Avatar 

mythologie de Krishna

Collection Le Maître et le disciple, 187 pages, Éditions infolio, 2013

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Dominique Wohlschlag

Le théâtre de l’extase

Collection Le Maître et le disciple, 160 pages, Éditions infolio, 2018

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Plan

PLAN

Introduction

Le Krishnaïsme

I - La réadaptation cyclique de l’Hindouisme pour le Kali-Yuga

Le Sanâtana Dharma et le « cinquième Vêda »

La fonction de Krishna dans le Kali-Yuga

Le « Krishnaïsme » : Krishna comme symbole du Principe

II - La bhakti, voie spirituelle ouverte aux hommes du Kali-Yuga

La bhakti et la fin du cycle

Le rôle « technique » de l’amour dans le bhakti-yoga

La distinction entre « bhakti » et « mysticisme »

Convergence de l’amour et de la connaissance dans la bhakti suprême (para-bhakti)

Introduction

 

        M. Dominique Wohlschlag, qui enseigne la civilisation indienne à Genève, poursuit un important travail de réflexion autour de la figure de Shrî Krishna et des grands textes de la tradition hindoue concernant celui-ci. C’est dans ce cadre qu’il a fait paraître les deux ouvrages dont nous voudrions rendre compte ici, en montrant tout l’intérêt que l’on peut en tirer du point de vue traditionnel. L’auteur, sanscritiste et indianiste de formation, situe son travail dans un cadre académique, mais, sur le fond et pour l’essentiel, ses travaux sont d’esprit traditionnel, et il déclare lui-même que ces ouvrages n’ont pas pour but « d’apporter une pierre nouvelle à l’édifice de l’orientalisme savant » (1)

       Le premier de ces deux livres, La Reine et l’Avatar (2013), contient une traduction par l’auteur d’un extrait du Bâghavata-purâna, connu comme « l’action de grâces de Kuntî », assorti d’une présentation et d’un commentaire. Le Bâghavata-purâna est l’un des dix-huit Purâna-s majeurs (mahâpurâna-s), l’un des plus importants tant par sa taille que par son contenu, et, dans certains courants spirituels hindous centrés sur le culte de Krishna, il est considéré comme l’un des livres sacrés les plus fondamentaux. Dans le texte dont il est question ici, et qui prend place dans le cadre de la grande guerre du Mahâbhârata opposant le clan des Pândava à celui des Kaurava, la reine Kuntî, qui est la tante de Krishna, et la mère d’Arjuna, remercie solennellement Krishna après qu’il ait sauvé la vie du petit Parikshit, sur lequel reposent les espoirs de la dynastie des Pândava. Cette salutation sert de prétexte à une longue énumération des qualités de Krishna, dont Dominique Wohlschlag tente de montrer le sens profond, notamment à travers des rapprochements symboliques convainquants.

         Le second livre, Le théâtre de l’extase (2018), se présente plutôt comme un essai autour de l’œuvre de Rûpa Gosvâmî, l’un des principaux disciples du célèbre saint bengali Chaitanya Mahaprabhu qui a vécu au début du XVIe siècle, et qui est à l’origine d’un important courant spirituel toujours vivant aujourd’hui, fondé sur la bhakti pour Krishna. Rûpa Gosvâmî a écrit, entre autres, un traité de Bhakti intitulé Bhaktirasâmritasindhu ou L’Océan de nectar des saveurs de l’adoration (2) dans lequel les différentes « stations » de cette voie spirituelle sont mises en relation avec les principes de la science traditionnelle du théâtre tels qu’ils sont exposés dans le Nâtya-shâstra ou Traité du Théâtre de Bharata Muni, qui est le texte qui codifie cet art en Inde. C’est essentiellement cet ouvrage de Rûpa Gosvâmî que commente l’auteur, ce qui lui permet de mettre en valeur différents aspects de la bhakti enseignée par Chaitanya et ses disciples, ainsi que la richesse spirituelle de la tradition du théâtre hindou qui se conçoit, il faut le souligner, comme un mode de transmission de la connaissance traditionnelle.

 

Le Krishnaïsme

 

          On peut donc dire que ces deux ouvrages ont pour thème commun le « Krishnaïsme », c’est-à-dire les doctrines de l’ensemble des voies spirituelles qui placent le culte de Krishna au centre de leur pratique. À ce titre, il y a à la fois un Krishnaïsme exotérique, répandu dans toute l’Inde, et des voies initiatiques qui lui correspondent. Celles-ci semblent concentrées principalement, mais pas exclusivement, au Bengale et dans la région dite de « Vraj » comprenant les villes voisines de Mathura et de Vrindavan (dans l’actuel État de l’Uttar Pradesh) qui sont respectivement les lieux de la naissance et de la jeunesse de Krishna, et qui constituent de ce fait des centres de pèlerinages majeurs de l’Hindouisme. 

        Ce courant spirituel semble encore assez méconnu en France, où il n’a fait l’objet que de très peu d’études universitaires et d’aucune étude traditionnelle complète à notre connaissance (3). Les ouvrages de Dominique Wohlschlag contribuent donc dans une certaine mesure à combler cette lacune. Ils permettent en outre de dissocier ces voies traditionnelles du fameux mouvement dit des « Hare Krishna » qui s’est répandu d’abord en Occident à partir des années 1960, puis en Inde même, en s’appuyant sur l’organisation appelée « ISKCON » (« Association internationale pour la Conscience de Krishna »). Cette organisation hétérodoxe au regard de l’Hindouisme vishnuite traditionnel est issue en réalité des courants réformistes indiens du XIXe siècle ; elle a contribué à donner une image négative de la spiritualité krishnaïte (4).

         Dans ce compte rendu, notre intention est de revenir sur certains points abordés par Dominique Wohlschlag qui appellent à notre sens quelques développements dans une perspective traditionnelle. Ces développements concernent principalement trois thèmes : la figure de Shrî Krishna et son rôle dans la tradition hindoue (I), la place de la bhakti dans les voies initiatiques destinées à l’humanité du Kali-Yuga (II), et les symboles et modalités de la réalisation spirituelle dans le Krishnaïsme (III). Sur le fond, cette étude n’est qu’un exemple des réflexions que peuvent susciter ces deux ouvrages chez un lecteur de René Guénon, et il ne fait pas de doutes qu’il y en aurait encore beaucoup d’autres à envisager.

 

I - La réadaptation cyclique de l’Hindouisme pour le Kali-Yuga

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          Dans les textes de référence du Krishnaïsme, il y a de fréquentes allusions au fait que les méthodes de réalisation prescrites par les Vêda-s ne seraient plus réellement appropriées durant le Kali-Yuga, et que d’autres moyens seraient donc nécessaires pour les hommes de la fin du cycle. Krishna y est présenté comme ayant permis une double réactualisation de la tradition hindoue : à la fois quant à la transmission de la connaissance, grâce à l’épopée du Mahâbhârata qui raconte ses exploits et qui est considérée ici comme un « cinquième Vêda », et quant aux modalités de réalisation, par l’apparition de voies d’adoration, c’est-à-dire de bhakti, fondées sur son culte. Le thème de la « réadaptation » cyclique des différentes traditions est bien connu des lecteurs de René Guénon, et il nous faut expliquer ici comment il est développé dans ce courant spirituel particulier.

 

Le Sanâtana Dharma et le « cinquième Vêda »        

           

             Les lecteurs de René Guénon connaissent déjà l’expression de « cinquième Vêda », puisque c’est le titre de l’un de ses principaux articles concernant les Tantra-s, qui ont effectivement reçu cette appellation. Ce qui est moins connu, c’est qu’elle a aussi été employée en...      

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Benoît Gorlich

(À suivre)

 

 

La suite de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 20 des Cahiers de l'Unité 

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Introduction
RN 1
RN 2
Le Krishnaisme
RN 3
RN 4
1 la réadapta cyclique
sanatana et 5e veda
krishna
krishna

Krishna

Pour citer cet article :

Benoît Gorlich, Compte rendu des livres : La Reine et l’Avatar, Le théâtre de l’extase Dominique Wohlschlag, Cahiers de l’Unité, n° 20, octobre-novembre-décembre, 2020 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2020

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