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LE CULTE DE KUBJIKÂ-IV

Le culte de la déesse Kubjikâ

‒ I V ‒

Shrî Kubjikâ (Navâtmabhairava) 

Kâlî (Rajasthan, XXe s.)
© Cahiers de l’Unité (Collection particulière)

PLAN

Plan
Formation
RN 4

[Formation du culte de Kubjikâ]

 

          La relation des textes avec leur contexte vivant, social, politique, anthropologique et culturel – la contribution qu’ils apportent et les éléments dont ils se nourrissent – sera examinée dans une autre étude. Je me bornerai simplement à dire ici que nous observons des principes relativement similaires, opérant dans les deux dimensions, c’est-à-dire celle des textes, qui est idéale, et celle de leur contexte humain, qui est empirique. Par exemple, dans les deux cas, nous constatons un effort pour procurer au culte de chaque déité tout ce qui est nécessaire pour le rendre complet. Théoriquement cela devrait le rendre indépendant de tous les autres, mais cela n’est jamais le cas, ni dans les textes eux-mêmes et ni dans leur application. Pour parfaire cette « complétude », chaque culte assimile des éléments venant d’autres cultes. Même son noyau le plus « original », le plus spécifique et le plus déterminant est lui-même autant le fruit d’un long processus historique que quelque chose d’unique apparue à un moment donné. Cela n’est pas perçu à la manière d’une contingence obérante ; cette continuité avec le passé est plutôt considérée comme une marque d’authenticité et d’autorité [1].

        Concrètement dans le cas de la déesse Kubjikâ, nous observons qu’à certains égards elle a des particularités et des traits spécifiques qui lui sont virtuellement uniques, alors que par ailleurs elle intègre beaucoup de caractéristiques communes à toutes les grandes déesses de l’Hindouisme. C’est ce fait, au-delà de tout, plus même que l’importance de ce qui provient des sources scripturaires, qui qualifie Kubjikâ comme étant une grande déesse – une Mahâdevî –, en dépit du fait qu’elle soit presque totalement inconnue du reste de l’Hindouisme, ou même du Tantrisme hindou en Inde. À l’instar de toute les grandes déesses de l’Hindouisme, parmi lesquelles la populaire déesse puranique Durgâ est l’archétype principal, (2) Kubjikâ incorpore en elle beaucoup d’autres déesses. (3) Kubjikâ est une déesse tantrique exclusivement Kaula et les Tantras, en particulier les plus anciens, ne sont concernés par les mythes puraniques que de manière secondaire. Bien que les Tantras de Kubjikâ contiennent des mythes exposant l’origine de la déesse, dans son cas, il n’y a pas de mythe spécifique qui explique le processus par lequel elle inclut d’autres déesses comme c’est le cas pour la déesse puranique Durgâ. Néanmoins, on peut observer les résultats de cette synthèse dans ses rituels, ses mantras, son mandala et dans ses formes visualisées. Par conséquent, Kubjikâ est unique et à la fois, sous de nombreux aspects, typique d’autres grandes déesses tantriques, en particulier Tripurâ et Kâlî.

 

[Kubjikâ et Kâlî]

 

            En outre, de la même façon que la forme extérieure de Kubjikâ est unique en elle-même, en dépit de sa nature composite, c’est également vrai pour sa nature intérieure, c’est-à-dire son identité métaphysique. Kubjikâ, comme toutes les autres grandes déesses des Tantras kaula et des Tantras de Bhairava, est essentiellement l’Énergie de la Conscience absolue et universelle (cicchakti) grâce à laquelle tout est et se fait. Par conséquent, Kubjikâ est dite à la fois productrice de la manifestation et transformatrice de celle-ci. (4) Malgré cela, elle est de façon principale rapportée au principe de la manifestation (srshtipradhâna). Son culte contraste donc avec celui de Kâlî, qui est de façon prédominante concernée par le principe de la dissolution transformatrice (samhârapradhâna). Pourtant les sphères de la manifestation universelle sont le domaine des deux déités. Les rituels des deux déesses représentent deux processus, mais Kubjikâ, dans nombre de ses formes...

 

Mark S. G. Dyczkowski

(À suivre)

La suite de cet article est contenue dans l'édition imprimée

du numéro 8 des Cahiers de l'Unité

Durgâ

Durgâ (ca. 1760, Brooklyn Museum)

Kubjika et Kali
Kâli en position d’accouchement,

Kâli en position d’accouchement, devant Surya, Brahma, Vishnu et Shiva

RN 1
RN 2 3
Citation

Pour citer cet article :

Mark S. G. Dyczkowski, « Le culte de la déesse Kubjikâ », Cahiers de l’Unité, n° 8, octobre-novembre-décembre, 2017 (en ligne).

 

© Pour la traduction française, Cahiers de l’Unité, 2017  

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