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Manas

Ananda K. Coomaraswamy

Ananda K. Coomaraswamy

RN 1
RN 2

Ce texte a été publié la première fois dans le A. C. Woolner Commemoration Volume, Éd. Mohammad Shafi, Lahore, 1940

 

 

      Selon les termes du Śatapatha Brāhmaṇa, X, 5, 3, 3, Agni devrait être « intellectuellement posé et intellectuellement édifié » (manasasaivādhīyanta manasācīyanta)

         « Intellectuellement posé et intellectuellement édifié » : car dans la mesure où Agni Lui-même « accomplit un sacrifice intellectuel » (manasā yajati, Ṛgveda, I, 77, 2), il est évident que celui qui voudrait s’unir à Lui comme un semblable à un semblable devrait faire de même, sans quoi une véritable « Imitation d’Agni » serait impossible. Manas, dans les Saṃhitās et Brāhmaṇas, et parfois dans les Upaniṣads, est l’Intellect Pur ou Possible, à la fois un nom de Dieu et ce qui, en nous, permet de Le saisir. Ainsi dans le Ṛgveda, I, 139, 2, « Nous avons vu le Doré avec nos yeux de contemplation et d’Intellect » (apaśyāma hiraṇyaṃ dhībhiś cana manasā svebhir akṣibhiḥ)Ṛgveda, I, 145, 2, « Ce qu’Il (Agni) contemple a pour ainsi dire été saisi par Son propre intellect » (sveneva dhīro manasā yad agrabhīt)Ṛgveda, VI, 9, 5, « L’Intellect est le plus rapide des oiseaux » (mano javiṣṭhaṃ patayatsu antas) Ṛgveda, VIII, 100, 8, « L’Aigle vient avec la rapidité de l’Intellect » (mano javā ayamāna [...] suparṇaḥ ; cf. Manojavas comme nom d’Agni, Jaiminīya Brāhmaṇas, I, 50) ; Ṛgveda, X, 11, 1, « La connaissance de toutes choses par Varuṇa est conforme à Sa spéculation » (viśvaṃsa veda varuṇo yathā dhiyā)Ṛgveda, X, 181, 3, « Par une spéculation intellectuelle, ils ont trouvé le chemin vers Dieu » (avindan manasā dīdhyānā[...] devayānam)Taittirīya Saṃhitā, II, 5, 11, 5, « L’Intellect est virtuellement Prajāpati » (mana iva hi prajāpatiḥ)Śatapatha Brāhmaṇa, X, 5, 3, 1-4, où l’Intellect (manas) s’identifie à « Ce qui était à l’origine ni Non-Être ni Être » (Ṛgveda, X, 129, 1), et cet Intellect engendre la Parole (vācam asṛjata), une fonction habituellement attribuée à Prajāpati ; Bṛhadāraṇyaka Upaniṣad, I, 5, 7, « Le Père est l’Intellect (manas) ; la Mère, la Parole (vāc) ; L’Enfant, l’Esprit ou la Vie (prāṇa) », en accord avec la formulation habituelle, selon laquelle Intellect et Parole, Ciel et Terre, comme Connaissant et Connu, sont les parents universels de l’univers conceptuel (1) ; et dans la Kaṭha Upaniṣad, IV, 11, « Il est atteignable intellectuellement » (manasaivedam āptavyam)

             D’un autre côté, nous rencontrons des expressions telles que pākena manasā, (Ṛgveda, VII, 104, 8 et X, 114, 4), impliquant la distinction entre un Intellect « mature » et un Intellect « immature » ; et dans des textes aussi caractéristiques que la Kena Upaniṣad, I, 3, « Là, l’Intellect ne parvient pas » (na tatra [...] gacchati manaḥ) et dans la Maitri Upaniṣad, VI, 34, « L’Intellect doit être arrêté dans le cœur » (mano niroddhavyaṃ hṛdi), ainsi que partout où l’on parle de la Personne transcendantale comme « dé-mentalisée » [de-mented] (amanas, amānasaḥ) (2), et généralement dans le Bouddhisme, l’Intellect (manas) est la Raison ou l’Intellect Pratique ...

         

      

 

Ananda K. Coomaraswamy

Traduit de l’anglais par Max Dardevet

 

La suite de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 22 des Cahiers de l'Unité

Ganesha
Citation

Pour citer cet article :

Ananda K. Coomaraswamy, traduit de l'anglais par Max Dardevet « Manas », Cahiers de l’Unité, n° 22, avril-mai-juin, 2021 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2021  

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