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LE ṚGVEDA COMME LAND-NÁMA-BÓK

Le Ṛgveda comme Land-Náma-Bók
[«Prise de possession du sol »]
 

Kalpa sutra XVe Jina's mother dreams

Les rêves de la reine Triśalā, Kalpa Sūtra XVe siècle, Jaunpur Uttar Pradesh, Metmuseum.

PLAN

Introduction

Ārya, Arya

Carṣaṇi, ou kṛṣṭi

Nau

Pañca janāḥ, carṣaṇayaḥ, ou kṛṣṭayaḥ

Sarasvatī

RN 1

Introduction

 

       Dans le Ṛgveda, les Cinq familles aryennes sont décrites comme des immigrants ; ils sont venus d’un lieu situé de l’autre côté des eaux, se sont installés et ont cultivé les terres sur la rive d’en face. Cette colonisation a généralement été interprétée comme faisant référence à l’immigration historique d’un peuple de langue aryenne qui, de couleur claire et se distinguant nettement des Dasyus païens de couleur sombre, a traversé la Sarasvatī dans le Panjab et s’est installé au Bhāratavarṣa. Il s’agit là d’une interprétation évhémériste d’une littérature traditionnelle qui est à proprement parler dépourvue de tout contenu historique.

         Nous ne voulons pas dire par là qu’il n’y a pas eu d’événements historiques analogues à ceux auxquels font allusion les « mythes » védiques ; au contraire, nous partons du principe que l’histoire se déroule toujours selon le modèle de la Réalité Ultime énoncée dans la tradition métaphysique ou, selon la terminologie biblique, « afin que s’accomplisse ce qui a été dit par les prophètes » (ṛṣayaḥ). Il se peut donc que la tradition métaphysique elle-même puisse, par un processus d’inversion, être utilisée par l’historien comme matériau de base, tout comme une icône peut être utilisée par l’esthète comme un objet de bric-à-brac, ou par l’anthropologue pour ses propres desseins. Dans ce sens, par exemple, nous pouvons être sûrs que les personnes qui accomplissaient le rituel védique et chantaient les mantras [les stances du Ṛgveda] dans leur forme écrite, possédaient réellement des chevaux et des chars, avaient l’expérience de la traversée des mers et des rivières, et travaillaient le sol. Il ne s’ensuit pas que le mythe cosmique lui-même – « originale Geistesschöpfung allersten Ranges » [« Création originale de l’esprit de tout premier ordre »] (1) – ait été inconnu avant ce stade tardif de la culture néolithique qui se reflète dans le symbolisme des mantras dans lesquels il s’exprime.     

        Certains symboles ne sont en aucun cas « datés » ; le Soleil a pu être désigné comme un oiseau à n’importe quelle époque, et il ne fait aucun doute qu’un culte de la Vierge unique existait déjà au paléolithique. Les symboles qui impliquent un niveau culturel spécifique peuvent, en même temps que leur création effective, avoir été développés à partir de prototypes antérieurs ; avant le pilier, l’arbre ; avant la roue, le svastika ; avant la charrue, le bâton de plantation (2). C’est en ce sens que le mythe lui-même, indépendamment de la manière dont il est formulé (et ceci s’applique même à sa recension tardive dans les deux grandes épopées pseudo-historiques), ne peut pas être considéré à proprement parler comme un récit historique (itihāsa), ni comme relevant d’événements temporels, mais comme une formulation métaphysique conforme à un ordre logique de la pensée. D’autres versions de la « tradition unique et unanime », la Genèse par exemple, doivent être comprises de la même manière. De même...

         

 

Ananda K. Coomaraswamy

Traduit de l’anglais par Max Dardevet

(À suivre)

La suite de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 25 des Cahiers de l'Unité

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Inro
Citation

Pour citer cet article :

Ananda K. Coomaraswamy, traduit de l'anglais par Max Dardevet « Le Ṛgveda comme Land-Náma-Bók », Cahiers de l’Unité, n° 25, janvier-février-mars, 2022 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2022  

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