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LE SON DANS LE COR

Le Son dans le Cor
Première partie

Israfil

وَنُفِخَ فِي الصُّورِ فَصَعِقَ مَن فِي السَّمَاوَاتِ وَمَن فِي الْأَرْضِ إِلَّا مَن شَاء اللَّهُ ثُمَّ

  نُفِخَ فِيهِ أُخْرَى فَإِذَا هُم قِيَامٌ يَنظُرُونَ

 

{On soufflera dans le Cor (1). Ceux qui sont dans les Cieux et ceux qui sont sur la Terre tomberont foudroyés, sauf ceux qu’Allâh voudra [épargner]. Puis on y soufflera une autre fois, et voici qu’ils se dresseront et regarderont attentivement} (2).

RN 1 2
PLAN

PLAN

Le Souffle dans le Cor

Ibn ‘Arabî, Futûhât, ch. 64

Ibn ‘Arabî, Futûhât, ch. 2 

Qashânî, commentaire du verset 39, 68 

‘Abd al-Karîm al-Jîlî, Insân al-Kâmil, ch. 61 

Les deux Souffles

{Sauf ceux qu’Allâh voudra}

Complément concernant les états posthumes de l’être

R 4 5 6 7 8 9
RN 11

      Dans le cadre des études sur les Symboles fondamentaux de la Science sacrée coranique que nous avons inaugurées avec le symbolisme des Deux Arcs, nous proposons maintenant un nouvel article consacré au Souffle dans le Cor (3).     

          Loin de l’image naïve et surannée, mais toujours présente dans l’imaginaire populaire, des angelots soufflant dans une trompe, il s’agit là en réalité de l’expression métaphorique d’un évènement grandiose et redoutable, universel et inéluctable, qui ne peut être exprimé qu’en mode symbolique. C’est du moins sous cette forme que cette réalité eschatologique est transmise dans les traditions sémitiques, et on en trouve diverses occurrences dans la Bible. Le son de la trompe y est fréquemment évoqué, et l’on peut constater, d’une manière générale, même s’il ne fait pas toujours référence expressément à cet évènement cyclique final, que cet instrument revêt une importance particulière dans la tradition hébraïque, principalement sous la forme du Shofar (4). Il est ainsi présent dans les domaines religieux pour « accompagner l’Arche de l’Alliance » et « louer l’Éternel » (5), militaire pour prévenir d’un danger ou de l’arrivée de l’ennemi (6), ou encore social pour effectuer un rassemblement (7). Quant au Cor eschatologique, il est évoqué notamment dans la prophétie d’Isaïe, qui avertit qu’« En ce jour, on sonnera de la grande Trompe » (8), ou dans celle de Zacharie, qui prédit que « Le Seigneur Dieu sonnera de la Trompe » (9). Dans le Nouveau Testament, les Évangiles précisent qu’« Il enverra Ses anges avec la Trompe retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre points de l’horizon », que « La Trompe sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles », et que « Au signal donné, à la voix de l’Archange, et au son de la Trompe divine, le Seigneur Lui-même descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement » (10)

          Il semble que l’on puisse affirmer que les traditions bibliques, et d’une manière générale l’ensemble des formes traditionnelles, sont amenées à exprimer progressivement leurs données scripturaires relatives aux modalités des événements eschatologiques de manière plus explicite et déterminée dans leurs livres révélés respectifs en fonction de l’évolution cyclique et de son échéance ultime. Ceci ne signifie pas, bien entendu, que les plus anciennes d’entre elles, comme la tradition hébraïque, ne possèdent pas une doctrine ésotérique complète des réalités eschatologiques et des états posthumes, comme en témoignent certains commentaires où l’on trouve des informations de première importance pouvant se prêter à des correspondances très significatives dans le domaine qui nous intéresse ici. Ainsi, dans l’un de ces textes, on peut lire que « Le souffle du Shofar sur terre est une image de la voix du Grand Shofar céleste, qui commence avec le don de la Thora et s’achève avec le Shofar du Messie. Il fait partie du huitième des dix signes qui précèdent la venue du Messie » (11). Mais une étude de ces écrits, tout comme ceux du Christianisme d’ailleurs, nécessiterait des développements que nous ne saurions envisager dans le cadre de cet article.

      Quant à la tradition finale islamique, elle reprend une partie des données relatives à cet événement eschatologique majeur, en lui restituant toute son ampleur et sa véritable signification originelle, aussi bien sur le plan exotérique qu’ésotérique. Sa présence est clairement établie dans son Livre sacré, confirmée par ses informations prophétiques, et fait l’objet de nombreux commentaires, qui constituent une littérature particulièrement abondante et variée dans ce domaine des états posthumes (12). Par ailleurs, conformément à notre perspective doctrinale, nous en rappellerons également la correspondance avec la doctrine hindoue des états posthumes de l’être et des cycles cosmiques, où, sous une forme différente, elle trouve une signification identique (13).

 

Le Souffle dans le Cor

         Le Souffle dans le Cor n’est pas à proprement parler un « signe de l’Heure », comme ceux qui ont fait l’objet de notre article précédent, mais bien plutôt un signe du Barzakh, qui fait immédiatement suite aux évènements eschatologiques de la période ultime du cycle. Il est diversement interprété dans les tafsîr-s, mais concerne toujours la même réalité : il s’agit du Souffle de l’Esprit dans les formes de la manifestation universelle, dans un premier temps éteintes et retenues dans la forme imaginale intermédiaire du Barzakh, l’intermonde entre ce monde et l’autre monde, puis revivifiées en vue de la Résurrection. L’agent principal de cette double action destructrice et revivificatrice, shivaïte et vishnouite pourrait-on dire, est Isrâfîl, l’Archange au Cor.

      Toutes ces considérations doivent également être rattachées à la doctrine générale du Barzakh et de l’Imagination cosmique, que nous avons évoquée dans nos études précédentes (14).

        Nous baserons notre étude sur les diverses données traditionnelles proposées dans les commentaires exotériques et ésotériques de la tradition islamique. Les premiers, qui s’accordent à reconnaître la réalité du...

Jean-François Houberdon

(À suivre)

La suite de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 26 des Cahiers de l'Unité

Pour citer cet article :

Jean-François Houberdon, « Le Son dans le Cor », Cahiers de l’Unité, n° 26, avril-mai-juin, 2022 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2022 

Citation
RN 12 13
R 14
Souffle dans le Cor
RN 10
RN 3
ange sonnant de la trompe
ange sonnant de la trompe
calligraphie islamique
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